DANS LE NORD - Le pouvoir resserre les rangs

Le président Rajoelina entouré d’élus de la région Diana, samedi à Nosy Be.

Le séjour de l’Exécutif à Nosy Be a été conclu par un dernier événement aux allures d’un meeting politique, samedi, en fin de journée. Une occasion pour les tenants du pouvoir d’affirmer leur cohésion.

Une entrée triomphante.Samedi, c’est le poing levé qu’Andry Rajoelina, président de la République, a traversé la foule qui l’a accueilli sur le chemin menant vers la place La Banane, à Dzamandzary, Nosy Be. L’image a marqué la dernière journée du déplacement de l’Exécutif sur l’île aux parfums.

Le séjour du chef de l’État et de celui de l’Exécutif à Nosy Be a été conclu par « une rencontre avec la population », aux allures de meeting politique, samedi, en fin de journée. Si le chef de l’État a surtout mis l’accent sur les projets réalisés ou en cours sur l’île dans sa prise de parole, les discours des autres orateurs et le scénario de l’événement ont revêtu une note éminemment politique. L’objectif du show politique était vraisemblablement d’affirmer la cohésion dans les rangs des tenants du pouvoir, visiblement.

Avant le début du meeting, voir le député François Arosy, élu à Nosy Be, et son homologue Jocelyne Rahelihanta, élue à Antsiranana, autrefois adversaires politiques, s’atteler ensemble à organiser la mise en place du comité d’accueil et mettre l’ambiance en dansant ensemble avec la foule en attendant le président, a intrigué les regards avisés. Une scène similaire a été constatée durant la tournée présidentielle dans le Sud, qui a précédé son déplacement à Nosy Be.

Comme à Toliara, sénateurs, députés, maires et membres du gouvernement ont fait corps derrière le locataire d’Iavoloha. Même Justin Tokely, président de l’Assemblée nationale, était de la partie. À entendre les discours, il était question d’affirmer leur cohésion face aux vents de critiques contre le chef de l’État dans les médias et sur les réseaux sociaux.

« Le vrai baromètre politique est ce qui se passe sur le terrain, ce qui est fait sur le terrain. Nous soutenons celui dont nous voyons des actions et des réalisations concrètes », déclare le député Arosy, en notant les projets menés par l’administration Rajoelina sur l’île aux parfums et en lui assurant de son soutien.

Exception

Le député de Nosy Be a la particularité d’avoir soutenu le candidat Siteny Randrianasoloniaiko lors de la présidentielle de 2023. Il s’est ensuite présenté à la députation sous une étiquette indépendante. La bataille politique entre lui et le candidat du parti au pouvoir était particulièrement féroce.

« Les élections sont faites. Il faut aller de l’avant et travailler pour le développement de notre circonscription et de notre pays », ajoute alors le député Arosy, en ajoutant que, pour démontrer que la hache de guerre est enterrée, il a nommé son ancien concurrent électoral au sein de son staff parlementaire.

Certes, la région Sava, dont il a été l’ancien gouverneur, fait partie de la province d’Antsiranana, comme Nosy Be, ce qui pourrait expliquer sa présence aux séries d’inaugurations sur l’île aux parfums, vendredi et samedi. Seulement, le fait que Justin Tokely ait pris la parole durant le rendez-vous politique à Dzamandzary n’est pas anodin. Depuis son élection au perchoir de l’institution de Tsimbazaza, en juillet 2024, l’ancien ministre de l’Intérieur a relativement gardé une certaine réserve lors de ses sorties publiques.

Samedi, toutefois, le patron de la Chambre basse a fait une exception et est sorti de sa réserve dans une allocution résolument politique et partisane, rappelant au passage qu’il est issu de la formation politique au pouvoir. Justin Tokely a été élu député de Sambava, sous les couleurs de la coalition « Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina » (IRD). D’orange vêtu et avec son écharpe parlementaire, le patron de la Chambre basse, qui a conduit une forte délégation de députés à Nosy Be, a assuré au président de la République que « la majorité de la population, dont nous, au sein de l’Assemblée nationale et du Sénat, est derrière vous ».

En balayant la rumeur d’une éventuelle motion de censure contre le gouvernement, le patron de la Chambre basse rassure aussi sur la question de la stabilité institutionnelle. Face aux critiques contre le pouvoir, il ajoute par ailleurs que «Madagascar est un vaste pays. Son redressement n’est pas facile, mais le président, le pouvoir y travaille sans relâche», soutient-il, en ajoutant :

« Nous vous encourageons à poursuivre vos efforts. Vous pouvez être assuré que ceux qui ne voient que le mal partout sont minoritaires. Face à eux, nous, qui voyons les efforts étatiques, sommes largement majoritaires. »

Garry Fabrice Ranaivoson

1 Commentaires

  1. Trop drôle, tout le monde sait les pressions, la prison et le rôle du gouvernement pour empêcher la Banane de gagner les élections. Si c'était vrai que la majorité de la population de Nosy était derrière le député élu: 1- il n'y aurait pas eu besoin de le rappeler, 2- il n'y aurait pas eu besoin de nommer la banane dans le pseudo "staff" de l'actuel pseudo député. Madagascar est une république bananière et le restera...

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