La délégation mahoraise est déterminée à échanger avec les Antsiranais. |
L’Association Sportive et Culturelle de Tsingoni handball (ASC Tsingoni), l’un des clubs les plus prestigieux de Mayotte, est actuellement en déplacement à Antsiranana, dans le cadre de la 6e édition du tournoi « Takalo » de handball, une rencontre sportive et culturelle entre les équipes de Mayotte et de la capitale du Nord.
Depuis mercredi, la ville d’Antsiranana accueille la 6e édition du tournoi « Takalo », une rencontre sportive et culturelle unique en son genre, qui réunit des équipes venues de Mayotte et de la région Diana. Cet événement, qui s’étalera jusqu’au 15 mai, témoigne d’un fort désir de renforcer les liens historiques et culturels entre les deux territoires de l’océan Indien.
Cette délégation mahoraise, composée de soixante personnes et conduite par Badirou Abdou, rassemble des enfants et des jeunes âgés de 8 à 18 ans et issus de plusieurs établissements scolaires de Tsingoni,. Le tournoi « Takalo », dont le nom évoque l’échange en malgache, incarne, depuis 2019, un véritable pont entre Mayotte et la région Diana, deux terres unies par des décennies de proximité culturelle et humaine.
L’ouverture officielle de l’événement a été marquée par un carnaval haut en couleur, qui a traversé les principales artères de la ville, de l’hôtel de ville au gymnase couvert, en passant par le grand marché.
Un programme riche
Ce défilé festif a rassemblé jeunes joueurs mahorais et malgaches, ainsi que de nombreux responsables et partenaires du projet, dans une ambiance de fraternité et de célébration.
En marge des rencontres sportives quotidiennes, les jeunes Mahorais participent chaque matin à des stages de perfectionnement. L’objectif est double : améliorer les compétences individuelles et collectives, mais aussi insuffler une dynamique durable au sein de leurs clubs.
Chaque match est précédé d’un plateau d’animation impliquant les enfants de 6 à 12 ans, déjà initiés au handball, suivi de rencontres intégrant des jeunes de 18 à 20 ans, confirmant ainsi la volonté d’investir toutes les tranches d’âge. Au-delà du sport, le tournoi est également un espace de valorisation culturelle, à travers la présentation de coutumes locales telles que le mariage traditionnel ou la célèbre course de pneus, emblématique de l’identité mahoraise.
À l’origine du Takalo, on retrouve notamment Saïd Hassan, ancien joueur de handball à Antsiranana, devenu professionnel à Mayotte, aujourd’hui président de la Ligue régionale de handball de Diana. Le club Haima de Sada a été le premier à porter ce projet, avant que le relais ne soit pris par une équipe engagée, dont Badirou Abdou, revenu dans son village natal à Tsingoni pour en diriger les activités.
Cette 6e édition est qualifiée d’exceptionnelle par ses organisateurs, en raison de la forte mobilisation des établissements scolaires, sportifs et partenaires locaux. Un succès qui confirme l’importance d’un tel événement pour raviver la pratique du handball à Antsiranana.
« À une époque, Antsiranana était une véritable place forte du handball. Mais, faute de projets structurants, elle perd peu à peu son rang », regrette Saïd Hassan. Constatant le recul de la discipline, les responsables ont initié une politique de relève, parcourant les districts de la région pour sensibiliser les jeunes et relancer l’intérêt pour ce sport.
Aujourd’hui encore, le niveau reste modeste, avec seulement quatre équipes actives et aucun championnat national organisé dans le Nord, ce qui freine considérablement la visibilité des efforts entrepris. Néanmoins, le Takalo demeure une étincelle d’espoir, un levier de développement sportif et culturel et un modèle de coopération régionale exemplaire. Takalo et la commune de Tsingoni promettent d’apporter leur aide si le championnat national se tient dans la capitale du Nord.
Raheriniaina