Et si tout était déjà foutu...

Ni le meilleur aménageur de territoire, ni l’urbaniste le plus expert ne pouvaient décemment envisager, dans ces années 1950-1960 de paisible «civilisation», que les rues seraient un jour envahies et encombrées par cette multitude de taxibe, improvisation de «service public» dans les pires conditions d’improfessionnalisme du privé. Des utilitaires conçus par des ingénieurs patentés pour une douzaine de places mais transformées en  boîtes à sardines par le bricolage «sitrany ahay» du tiers-monde sans que compagnies d’assurance ou maréchaussée mouftent. Des anciens «arrêts d’autobus», à l’équidistance précisément calculée afin d’assurer la fluidité de la circulation, ne reste que le souvenir. Dorénavant, tout le monde veut «monter» devant sa porte et «descendre» sur son seuil. 

C’est ce que j’écrivais le 17 mars 2025. J’avais oublié les scooters. Ceux des particuliers, auxquels s’ajoutent désormais les taxi-motos. Au moins, les particuliers ne campent-ils pas en permanence le long des trottoirs, en plein tournant ou devant chez les gens, attendant le chaland. Mais, les uns et les autres, à de très rares exceptions, ont adopté la «scooter attitude» de se faufiler n’importe comment, de zigzaguer entre les voitures, de dépasser intempestivement à droite. 

Après la «génération taxibe» des arrêts intempestifs tous les dix mètres et des places assises en mode sardines en boîte, cette «scooter attitude» ne vaudra rien de bon pour une population déjà sevrée d’éducation civique depuis cinquante ans. Panneaux et marquages au sol sont également indifférents aux taxibe et aux scooters. Les passagers en quinconce sur une banquettes pour trois sont aux taxibe ce qu’une petite famille de trois ou quatre sont aux scooters conçus pour une virée à deux. Les enfants, à qui on aura imposé cette pratique quotidienne, deviendront des adultes perpétuant les travers, le pire, le comble. 

Le comble ? On n’a peut-être pas encore tout vu avec certaines velléités d’insérer dans la circulation tananarivienne les «Bajaj», «tuk-tuk» et autres tricycles «France Rider» qu’on a oubliés d’arraisonner dès la haute mer. Il y a soixante-cinquante ans, le meilleur aménageur de territoire et l’urbaniste le plus expert ne pouvaient raisonnablement anticiper ce scénario du mal en pis. 

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

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