CARBURANT - VÉRITÉ DES PRIX - Le FMI attend des garanties écrites

La réunion de travail entre l’Exécutif et les émissaires du FMI s’est déroulée au palais d’État d’Iavoloha, hier.

Une réunion de travail entre des membres de l’Exécutif, conduits par le président de la République, Andry Rajoelina, et la mission du FMI, s’est tenue hier à Iavoloha. Un rendez-vous inscrit dans le cadre de la 2e revue des programmes FEC et FRD.

Des garanties. À en croire les explications livrées à l’issue de la réunion entre les membres de l’Exécutif et la mission du Fonds monétaire international (FMI), c’est ce que réclame l’institution de Bretton Woods. Des garanties, en particulier sur la question de l’ajustement automatique du prix du carburant. L’institution financière exige que les dispositions y afférentes soient formalisées par décret.

Cette réunion s’inscrit dans la 2e revue de la mission d’évaluation du FMI, entamée le 2 avril et qui prendra fin ce lundi. Elle vise à faire le point sur l’avancement des réformes que l’État s’est engagé à mettre en œuvre dans le cadre des programmes de la Facilité élargie de crédit (FEC) et de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD). L’objectif est d’inscrire le dossier Madagascar à l’ordre du jour de la prochaine réunion du Conseil d’administration du FMI, prévue en juin.

C’est en effet à ce conseil le « Board » qu’il revient de donner le feu vert pour le décaissement des tranches d’aides budgétaires liées à ces programmes, sur la base du rapport d’évaluation établi par ses émissaires. Selon Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, ministre de l’Économie et des Finances, plusieurs conditions doivent encore être remplies pour convaincre le Conseil d’administration du FMI.

En tête de liste figure l’adoption d’un décret officialisant le mécanisme d’ajustement automatique des prix du carburant, ainsi qu’un arrêté précisant les modalités de calcul des prix à la pompe. Le FMI souhaite manifestement verrouiller cette mesure afin d’éviter toute volte-face des autorités en cas de conjoncture défavorable. L’ajustement automatique des prix à la pompe est une exigence sur laquelle l’institution s’est montrée inflexible depuis la mise en place des programmes FEC et FRD.

Réforme de la Jirama

Le retard dans l’application du principe de vérité des prix à la pompe a d’ailleurs retardé le décaissement d’une aide budgétaire issue de la précédente revue d’évaluation, qui s’est étalée d’octobre 2024 à janvier 2025. Les 103 millions de dollars approuvés le 26 février auraient dû être débloqués au dernier trimestre 2024. Le FMI a toutefois attendu l’entrée en vigueur de l’ajustement automatique, le 16 janvier, avant d’autoriser le décaissement.

Pour Olivier Jean-Baptiste, ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, présent à Iavoloha, il ne s’agirait que d’une formalité. 

« L’ajustement automatique des prix à la pompe est un processus continu. Les textes réglementaires sont renouvelés tous les six mois. Nous allons prochainement adopter un nouveau décret pour le second semestre 2025, accompagné d’un arrêté fixant les modalités de calcul », explique-t-il.

Autre condition abordée durant la réunion d’hier : la finalisation et la publication du plan de redressement de la Jirama. « La réforme de la Jirama reste prioritaire », rappelle d’ailleurs le FMI dans son communiqué annonçant le déblocage d’une tranche d’aide budgétaire en février. C’est le président Rajoelina lui-même qui a plaidé en faveur de ce dossier hier.

Vu de l’extérieur, le cas Jirama reste une nébuleuse difficile à décrypter. Pourtant, le chef de l’État affirme que les efforts de réforme sont constants, tant sur le plan de la gouvernance administrative et financière que sur l’optimisation de la production et l’amélioration des services. Il a mis en avant la volonté «d’accélérer la transition énergétique», en ajoutant: « Je voudrais confirmer la détermination de Madagascar à poursuivre les réformes et les efforts constants pour améliorer la transformation économique du pays. »

Pour rassurer ses interlocuteurs, le locataire d’Iavoloha a souligné que «Madagascar est déterminé (…) à poursuivre les efforts pour améliorer la performance économique du pays, mais aussi à partager avec vous, dès à présent, les perspectives et les points restants dans le cadre de ces deux programmes».

L’objectif principal de l’application de la vérité des prix à la pompe et de la réforme de la Jirama est de mettre fin aux subventions publiques, jugées trop coûteuses. Rien que pour la Jirama, ces subventions atteignent jusqu’à 250 millions de dollars par an, soit l’équivalent de l’ensemble du budget d’investissement de tous les ministères.

Les programmes FEC et FRD visent à renforcer l’équilibre budgétaire et à soutenir la croissance des pays bénéficiaires. Les conditionnalités établies avec le FMI s’inscrivent dans cette logique. Madagascar bénéficie de ces deux programmes depuis juin 2024, pour un montant total de 663 millions de dollars, à décaisser sur une période de trente-six mois.

Garry Fabrice Ranaivoson

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