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Le maire de la commune rurale d'Antanamitarana Aly Mohamed est sur place pour organiser la délocalisation des étals (1). |
Les marchés ruraux hebdomadaires, véritables piliers économiques et sociaux des campagnes, ont considérablement évolué ces dernières décennies.
À chaque étal dressé, à chaque panier rempli, c’est toute une vie rurale qui se construit, semaine après semaine, au rythme discret mais déterminé des marchés. Cette évolution s’explique par l’amélioration des infrastructures, l’essor des moyens de transport, ainsi que par l’arrivée de nouveaux commerçants. Les marchés ruraux sont devenus des espaces dynamiques où femmes et jeunes occupent une place croissante, développant des activités innovantes et insufflant un nouveau souffle à l’économie locale.
Chaque semaine, dans de nombreux villages reculés, ces marchés s’animent, bien au-delà d’un simple échange de marchandises. Ils constituent un moteur économique essentiel qui permet aux agriculteurs, éleveurs et artisans de vendre directement leurs produits et de générer des revenus indispensables.
En stimulant la production locale, en favorisant la circulation de l’argent au sein des villages et en améliorant l’accès à une variété de produits alimentaires, ces marchés réduisent la dépendance aux centres urbains, souvent éloignés.
À Antanamitarana, Sahasifotra, Mahavanona, Antanandrainitelo, Anivorano et dans d’autres localités, producteurs, commerçants et consommateurs se retrouvent pour dynamiser une économie locale souvent fragile. Pour de nombreux agriculteurs, ces rendez-vous représentent l’unique opportunité de vendre leurs produits frais directement aux consommateurs. La diversité offerte reflète la richesse des terroirs et encourage la diversification des cultures, en réponse aux nouvelles demandes du marché.
Entre économie et cohésion
Dans le district d’Antsiranana-II, ces rassemblements hebdomadaires jouent un rôle clé dans la vitalité économique et sociale des campagnes.
À Antanamitarana, à 12 kilomètres d’Antsiranana, au carrefour stratégique de la Route nationale 6 et de la route menant à Joffre-Ville, un marché rural se tient tous les samedis depuis 2005. Ce jour-là, les deux bords de la route vers Joffre-Ville se couvrent d’étals tenus par des commerçants locaux et ceux venus des communes voisines, créant parfois des embouteillages qui gênent la circulation.
Autrefois dédié principalement aux produits agricoles- riz, légumes, fruits tropicaux, produits d’élevage-, ce marché a su évoluer avec l'amélioration des infrastructures et l’urbanisation croissante. Il s'est transformé en un lieu d’échanges beaucoup plus diversifié.
Au-delà de leur impact économique, ces marchés sont devenus de véritables espaces de cohésion sociale. Ils favorisent les échanges intercommunautaires, renforcent les liens sociaux et permettent le partage du savoir-faire et des traditions. Symboles d'une ruralité en mouvement, ils jouent aussi un rôle important dans la transmission culturelle et le renforcement d'une identité locale forte.
En créant des opportunités économiques dans les villages, les marchés ruraux participent à ralentir l’exode rural. Les jeunes, en voyant des perspectives dans leurs villages d'origine, sont parfois moins tentés par une migration vers les grandes villes, où les emplois restent rares et précaires.
Actuellement, les commerçants d’Antanamitarana sont confrontés à de nouvelles difficultés. En raison des travaux de réhabilitation de la route vers Joffre-Ville, leurs étals doivent être déplacés. « Il est certain que les recettes de la commune vont diminuer, car l’espace disponible pour relocaliser les marchands est très limité. La réhabilitation de la route prime », note Aly Mohamed, alias Congo, maire de la commune d’Antanamitarana.
Malgré leur dynamisme, les marchés ruraux ne sont pas exempts de défis : problèmes d’insalubrité, non-respect des normes d’hygiène, gestion informelle, absence d'infrastructures adaptées…
Raheriniaina