La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) vient de publier son rapport d’observation lors des dernières élections communales. La participation des personnes handicapées aux élections à Madagascar reste marginale. Moins de 1 % des électeurs sont des personnes en situation de handicap. Falihery Razafindrakoto, président du réseau, nous partage ses points de vue.
Quelles sont les principales tendances observées concernant la participation électorale des personnes handicapées à Madagascar ?
Les données officielles de la Ceni montrent que la participation des personnes handicapées demeure extrêmement faible. Lors des élections communales et municipales de 2024, seulement 0,28 % des votants enregistrés étaient des personnes handicapées, soit 15 929 électeurs. Ce chiffre est en hausse par rapport aux élections législatives de 2024, où seulement 5 189 électeurs handicapés avaient été recensés (0,096 %), explique le Réseau malgache du Handicap.
Quels dispositifs d’accessibilité ont été mis en place par la Ceni?
Depuis 2023, la Ceni a introduit des cartons de vote en braille pour les personnes aveugles et malvoyantes. Le nombre de ces cartons est passé de 3 000 en 2023 à 7 837 en 2024, ce qui constitue une avancée notable. Cependant, ces dispositifs ne bénéficient qu’à une minorité de personnes handicapées. Les personnes sourdes, par exemple, ne disposent d’aucune information électorale en langue des signes, tandis que les bureaux de vote restent largement inaccessibles pour les personnes ayant un handicap moteur ou vivant avec un handicap psychosocial.
Comment évaluez-vous la collaboration entre la Ceni et les Organisations de Personnes Handicapées ?
La collaboration entre la Ceni, la Fédération des Associations des aveugles de Madagascar (FAAM) et le soutien technique du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), à travers le Projet RPEDEM, a permis d’améliorer la participation des personnes aveugles. Cependant, cette approche reste limitée à un seul type de handicap. Pour garantir une véritable inclusion, il serait nécessaire d’impliquer activement les Organisations des Personnes Handicapées (OPH), représentant toutes les catégories de handicap dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des dispositifs électoraux.
Quelles recommandations formulez-vous pour améliorer l’inclusion électorale des personnes handicapées ?
Pour garantir une participation équitable, nous recommandons l’extension des dispositifs d’accessibilité à tous les types de handicap, afin que chaque citoyen puisse exercer son droit de vote sans discrimination. Il est indispensable de créer des supports d’information électorale en langue des signes, en format audio et en langage simplifié. L’accessibilité physique des bureaux de vote doit être assurée par des aménagements adaptés. La formation des agents électoraux à l’accueil inclusif est également essentielle pour garantir un accompagnement respectueux des besoins des électeurs handicapés.
Miangaly Ralitera