Les soubiques de la civilisation

Le rouge des tomates, le vert des feuilles potagères, l’orange des mandarines, le blond des crevettes séchées, le jaune des citrons, le pourpre des oignons, le marron des noix de coco... Nuancier chatoyant, arc-en-ciel pour les yeux, palette de fruits et légumes qui a longtemps fait le charme du marché de Mahamasina. Aujourd’hui, le sage alignement des oeufs, la gamme des poissons séchés, les assortiments de piments, sont concurrencés par de tristes stands de fripes chiffonnées et des grappes de chaussures fatiguées dangereusement suspendues à hauteur de nez. 

Un tas de fruits et légumes peut être joli, encore plus joliment présenté d’ailleurs si on montrait à nos marchands l’agencement recherché qu’on sait en faire sur les étals des marchés d’Asie, autant cette exposition massive de friperies étale à la face du monde une double misère, économique et esthétique.

Ailleurs qu’à Mahamasina, sur tous les marchés, même ceux qui se tiennent absurdement à même les routes nationales, les mêmes marchandises en milliers d’exemplaires qu’on sait déballées des mêmes containeurs que filtrent bien peu nos douanes. Cet envahissement est particulièrement pénible dans la ville d’Antananarivo et sa banlieue Grand Tana. Le Maire de la Capitale devra pouvoir dire au Ministre des frontières et celui des douanes d’arraisonner dès la haute mer ces balles de récupération avant qu’elles ne soient confiées à ces marchands ambulants qui squattent les trottoirs et la chaussée.

Le sens du beau s’émousse par ailleurs dangereusement. Quand le paysage quotidien se limite à une forêt de chiffons et des montagnes de chaussures usagées. Et que ce n’est même pas le snobisme marketing de la marque de luxe Golden Goose qui vend 450 euros une paire hideuse de sneakers délibérément salis et designés troués, avec un pansement de sparadrap. 

«Garaba» de fruits, paniers de légumes, corbeilles de riz rouge, «sahafa» de petits crustacés, soubiques de produits vivriers dont on a oublié le nom et l’existence : où donc se réfugie une certaine idée de la civilisation ! 

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

2 Commentaires

  1. Regardez la réalité en face: le revenu national par habitant a presque été divisé par 2 depuis 1960: il n'existe aucun autre pays dans le monde dont le RNB a diminué dans de telles proportions sans guerre! Madagascar est aux mains des pillards, c'est une kleptocratie ou la corruption, le détournement de fond et l'immunité des élites sont en train d'anéantir tous l'héritage français et replonger Mada au 18ième siècle. Reveillez-vous avant qu'il ne soit trop tard!
    Donnez le même territoire, avec autant de richesses naturelles, de biodiversité, d’attraits touristiques à des asiatiques et vous savez très bien ce qu'ils en auraient fait... le problème est culturel, la solution est connue, le triptyque du développement: l'éducation, la santé et la justice.
    Ce qui fleurit sur le bord des routes malgaches, ce sont les graines de la misère...

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  2. vae victis ! honte et malheur .le bonheur de vivre est parti avec le colon

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