On marche sur la tête. Les réseaux sociaux bouleversent le monde de fond en comble. Une arme à double tranchant. Ils permettent de rattraper très vite des braqueurs, des assassins, des arnaqueurs, des chauffards… grâce à la diffusion des enregistrements vidéo sur les différents supports. Ils ont pris la place des médias traditionnels, jouant carrément le rôle d’un quatrième pouvoir dénonçant les abus de toutes sortes, interpellant les autorités. Les réseaux sociaux ont également pris la place de l’opposition sur l’échiquier politique. Ce sont aussi des gardiens de la mémoire, rappelant quand il le faut des promesses non tenues, des prises de position sur un sujet d’actualité qui ont changé au fil du temps.
Le revers de la médaille est que l’usage des réseaux sociaux échappe à tout contrôle de déontologie, d’éthique et de moralité. On y publie tout sans filtre et sans aucun respect de la dignité des uns et des autres, sans considération de la présomption d’innocence, sans le moindre souci des préjudices moraux que peut causer une publication inappropriée.
En un mois, on en a vu de toutes les couleurs. Les braqueurs d’Ambodiafontsy, objets de controverse à propos de leur ressemblance douteuse avec les acteurs dans la vidéo. Les assassins du jeune Tahina poignardé en pleine rue à Toamasina et dont les réseaux sociaux ont balancé les photos des présumés bourreaux. Les faux suspects ont dû se terrer et déclarer leur innocence sur les mêmes réseaux sociaux pour se tirer d’affaire, non sans mal.
Le début de la semaine est marqué par la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo pornographique impliquant une artiste connue, qui scandalise l’opinion. Si la demande pour voir la vidéo afflue, l’indignation est générale à propos de la publication de la vidéo par les deux acteurs de la séquence eux-mêmes.
L’ignorance des braqueurs fait que la caméra de surveillance peut les trahir. En revanche, il y a fort à parier que les deux jeunes partenaires de l’artiste étaient en parfaite connaissance de cause.
Quand on ajoute les méfaits de l’Intelligence Artificielle pour travestir des photos, des vidéos voire inventer des scènes qui n’ont jamais existé, on imagine ce que sera la société dans un futur immédiat. Tout se complique quand l’intelligence humaine se compromet dans ce mauvais scénario, acceptant d’être le complice consentant de cette déliquescence sociale irrépressible. Pour le moment, on le dit en messe basse.
Sylvain Ranjalahy