SANTÉ DES JEUNES - La propagation du VIH/Sida préoccupe

Des membres du réseau SDSR.

Les jeunes sont exposés à plusieurs problèmes de santé sexuelle. Le manque de dialogue et le faible accès aux informations sur le sujet favorisent cette situation.

La santé sexuelle et reproductive des jeunes à Madagascar suscite des inquiétudes. Le Secrétariat exécutif du Comité national de lutte contre les infections sexuellement transmissibles et le VIH/Sida (SE CNLS) a signalé une concentration des nouveaux cas d’infection chez les 15-24 ans en 2024. « C’est encore le cas actuellement. La plupart des personnes qui viennent effectuer un dépistage chez nous et qui sont détectées positives au VIH/Sida appartiennent à cette tranche d’âge », indique une source du Bureau municipal d’hygiène (BMH) d’Antananarivo-ville à Isotry, hier.

Si le nombre de nouveaux cas détectés est estimé entre trois mille et quatre mille par an pour toutes les tranches d’âge, la Banque mondiale a évalué à mille six cents le nombre de jeunes de 15 à 24 ans infectés en 2022. Parmi eux figurent des lycéens et des étudiants universitaires. 

« J’ai traité un élève d’un lycée public d’Antananarivo qui souffrait de la tuberculose. Plus tard, il s’est révélé qu’il était atteint du Sida. Il n’y a pas survécu », témoigne un pneumologue, illustrant l’ampleur de la propagation du VIH/Sida chez les jeunes.

Briser le tabou de la sexualité

Les infections sexuellement transmissibles (IST) gagnent également du terrain dans cette tranche d’âge. Par ailleurs, le ministère de la Santé publique estime que 32 % des filles tombent enceintes avant leur majorité et que les premiers rapports sexuels ainsi que les premières naissances surviennent en moyenne entre 17 et 19 ans. Cette situation s’explique en partie par le faible taux d’accès au planning familial chez les jeunes. Pourtant, les grossesses précoces augmentent considérablement le risque de mortalité maternelle. Selon un résumé technique du programme Maternal and Child Survival Program, financé par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) en 2018, les jeunes femmes de moins de 20 ans risquent deux fois plus de mourir pendant l’accouchement, tandis que celles de moins de 15 ans courent un risque cinq fois plus élevé.

Les membres du réseau des organisations de la société civile à Madagascar (SDSR) plaident pour une parentalité positive et une sexualité responsable. Ils encouragent les parents et les éducateurs à briser le tabou entourant la sexualité et à ouvrir le dialogue avec les jeunes. « Le manque de communication entre parents et enfants, les tabous et les stéréotypes liés à la sexualité, ainsi que l’accès limité aux informations sur la santé sexuelle, sont des défis identifiés lors d’une table ronde réunissant des parents et des jeunes », explique Fiona Andriananja, coordinatrice du projet Safidy SEED Madagascar, hier, à l’occasion d’une journée de plaidoyer.

Cette absence de dialogue et le manque d’informations sur la santé sexuelle et reproductive nuisent gravement aux jeunes. Selon le réseau SDSR, si le sujet de la sexualité était davantage abordé entre parents et enfants, ces derniers adopteraient une attitude plus responsable. 

Miangaly Ralitera

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne