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Le quartier d’Ampandrana, une ancienne capitale des Merina. |
Les différents testaments politi-ques attestent que, dans un premier temps, la succession se fait de père à fils (Testaments politiques et mode de gouvernance des souverains de l’Imerina VIIIe-XVIIIe siècle , Ramisan-drazana Rakotoariseheno, 2019). L’auteure revient sur une partie de ces testaments, dans son étude sur « Rangitatrimovavimanjaka, ventre dynastique et le Fanjakana arindra- ifanoavana » (lire précédentes Notes).
Le premier testament connu est celui de Ratsara-tahiry qui donne la bénédiction à son fils, Andriantozela, vers 770. Le père, à l’article de la mort, désigne son fils comme étant son successeur et lui souhaite « l’accomplissement de ses vœux, une descendance nombreuse qui deviendra une grande nation et un solide Fanjakana dans le futur » (« Ho tanteraka sy ho tontosa anie hianao, ho alinalina ny taranakao, sy ho teherizin’Andriamanitra tahaka ahy anie hianao, ka ho tonga firenena sy fanjakana lehibe any am-parany », Rainitovo, Tantara ny Malagasy manontolo, 1934).
C’est le texte fondateur de la construction de l’État et qui se répètera à travers les siècles. De même qu’il lui recommande de faire fructifier la terre pour toutes les générations à venir. En fait, souligne l’historienne, « la stabilité était déjà assurée par la désignation pour ne pas avoir de vacance de poste. La bénédiction est donnée ensuite, pour éviter toute usurpation de pouvoir. Et la politique du fils était tracée à l’avance par le père assurant ainsi la continuité ».
Ainsi, il n’y a aucune improvisation dans la succession. Dans cette lignée, les récits font état d’une succession de père à fils. Plus tard, poursuit l’académicienne, la succession est modifiée par la lignée d’Andrianerinerina, entre guerres et paix, vers le XIIIe siècle. Elle concerne huit rois dont le mode successoral devient de frère à frère
Le changement est amorcé par Andriantsitakatra, en associant les frères d’abord avant les fils, probablement, pour acter une rupture avec les Vazimba et qui est un modèle que l’on retrouve dans les pays du Golfe jusqu’à notre époque. Il s’agit sans doute d’une influence des islamisés. L’historienne se demande alors si c’était le début du « Fanjakana Ifanoavana de Rangita » ?
Cette reine spécifie, en effet, dans son testament politique : « À ma mort, c’est toi l’ainé qui me succède, ensuite c’est ton frère. Mais si, par malheur, il meurt, ce seront ses enfants qui règnent avant les tiens » (Rainitovo).
D’après l’auteure de l’étude, cet ensemble constituerait les marquages du pouvoir royal légués à la descendance future. Dans cette lignée, trois souverains sont passés à postérité en raison de leurs actions particulières. Les débuts du « Fanjakana merina » sont marqués par la violence des Andrianerinerina contre les frères de la mère (les Vazimba Andriandroka) vers le XIIIe siècle.
La lignée suivante fera la guerre sans merci aux Vazimba pour l’épanouis-sement du nouveau modèle de Fanjakana.
Les dispositions testamentaires s’enrichissaient avec le retour du concept du fanjakana ifanoavana et bien qu’il n’ait pas été spécifié comme tel, en signe de paix. Le retrait du pouvoir peut être envisagé en cas d’incapacité sans porter préjudice à celui qui se retire, puisque son honneur est sauf par l’alliance contractée entre les descendances des deux frères. Par conséquent Rangita, plus tard, n’a rien inventé à ce sujet. L’avenir de la politique de la dynastie est toujours planifié à l’avance et qui se résume à la paix et à la prospérité. La lignée des Ampandrana, consolidera le concept de Fanjakana (XIVe-XVe siècles).
« Les Rafandrana (huit règnes de souverains), auraient été des frères et non des pères et fils d’après Ralaimihoatra. C’était donc la continuité du mode successoral des anciennes recommandations hérité des islamisés. »
Pela Ravalitera