Ambohitrombihavana, fief d’Andrianamboninolona. |
En montant sur le trône, Rangita-trimovavimanjaka doit gérer les conflits et compromis générés par les nombreuses influences tant « autochtones » qu’étrangères, en particulier le testament politique (Ramisandrazana Rakotoariseheno, « Rangita-trimovavimanjaka, ventre dynastique et le Fanjakana arindra- ifanoavana », lire précédentes Notes)
« Ary niteny Rangita sy Rafohy: Ny Alakamisy an’Andriamanelo, ary ny zoma an’Andriamananitany. Izaho no manao izany; hianao Andriamanelo no ataoko aloha ny anjakanao, ary ny aoriana kosa an’Andria-mananitany: ataoko fanjakana arindra » Père Callet, Tantara ny Andriana, 1881).
L’historienne adopte également les idées de Jean-Pierre Domenichini disant : « Rangita avait non seulement assimiler le calendrier arabe, mais aussi les idées des Vazaha arabo-musulmans relatives au mode successoral de frère à frère, et donc en faveur de la descendance mâle. Si auparavant, c’étaient les femmes qui transmettaient à leurs enfants le droit d’exercer le pouvoir souverain, parce qu’elles possédaient la terre et les hommes, dorénavant avec le testament de Rangita, la succession serait source de désordre. »
Ce qui provoque l’assassinat du frère cadet Andria-mananitany par son ainé, mais dont le problème est surmonté en faisant épouser Andrianam-boninolona, le fils du cadet, à Rafotsindrin-dramanjaka (sœur des deux princes) et leur fille épouserait le fils d’Andria-manelo. « La décision de Rangita fut ainsi respectée, il en est de même pour le droit des sœurs » (Jean-Pierre Domenichini, Dynamique indigène et influence arabe en Ankova, 2003).
Le même auteur précise, en outre, que Rangita, en donnant à son fils cadet le suffixe Manantany, « c’est-à-dire le pouvoir de transmettre le droit de régner que seules des femmes avaient eu dans le passé et conservèrent par la suite », veut masculiniser ce droit sur le modèle arabe. ( La question Vazimba historiographie et politique, 2007).
Mais le modèle arabe qui consacre le patriarcat et la gérontocratie, est davantage source de frustration et d’éventuels coups d’État que de stabilité politique à travers deux nominations. Les enfants directs doivent attendre plus ou moins longtemps et n’accèdent au pouvoir qu’après épuisement de la fratrie.
Selon l’auteure de l’étude, si, au début du « moyen-âge » malgache, ce modèle est assez suivi et que les enfants ont encore la possibilité de conquérir de nouvelles terres et de se tailler de nouveaux royaumes permettant l’extension du Fanjakana, « la stabilité et l’ancrage du nouveau Fanjakana sur les terres rizicoles âprement disputées, exigeaient un nouveau type de pouvoir, dont la succession se ferait de père à fils de manière à verrouiller et le pouvoir et la terre et les hommes ».
Rangitatrimovavimanjaka a voulu faire barrage aux anciens coups d’État et revenir à la fois à l’ancienne gouvernance de Fanongoavana, en se réclamant du concept Vazimba afin d’avoir la profondeur chronologique, et à la légitimité des ancêtres, tout en utilisant ou en renforçant la « nouvelle gouvernance ». « Mais elle a échoué car son fils ainé n’a pas suivi à la lettre ses volontés et le peuple a tué son frère. »
La fin du genre indifférencié dans la gouvernance royale est à mettre en relation également avec le commerce des esclaves qui prend de l’ampleur à cette époque, ajoute Ramisandrazana Rakotoariseheno. Le Fanjakana des hommes, véhiculé par les groupes islamisés, s’établit de manière définitive pour pouvoir assurer les durs travaux de la riziculture irriguée, « mais aussi et surtout les guerres de rapines et le trafic d’êtres humains ».
En contrepartie, conclut l’auteure de l’étude, « les princes et rois ne pouvaient avoir ni la légitimité ni la pérennité de leur pouvoir que par le hasina de leur mère, et leurs héritiers par le hasina de leurs épouses. Ils ne pouvaient se présenter idéologiquement et politiquement comme les dépositaires légitimes du pouvoir et acceptés comme tels par leurs peuples qu’en se référant à leurs mères et à leurs épouses ».Autrement dit : « La femme devient le dépositaire du ‘hasina’ et la gardienne des droits du sang des dynasties royales » (Rapport national sur le Développement humain, Genre, développement humain et pauvreté de Madagascar en 2003).
Pela Ravalitera