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Les exportations malgaches de girofle ont reculé de 35% en 2024. |
C’est une année difficile pour le girofle. La Grande Île a vu ses exportations diminuer de 35,5 % lors de la dernière campagne. Un recul qui s’explique, entre autres, par une baisse de la production.
Deux ans après son essor, qui a permis à Madagascar de surpasser l’Indonésie, la filière girofle traverse aujourd’hui une période difficile. Les exportations malgaches se sont fortement repliées. D’après la Banque centrale (BFM), elles ont diminué de 35,5 %, et ce en raison d’une baisse du volume, mais aussi d’une baisse du prix de 6,5 % sur le marché international. Cette nouvelle dynamique gagne la filière depuis un an déjà. Elle peut s’expliquer, selon certaines analyses, par une diminution de la demande sur les marchés internationaux, mais aussi par les conditions climatiques défavorables de 2024. En effet, elles ont eu un impact significatif sur la production de girofle. Malgré la résistance de cette plante, sa condition et sa qualité sont fortement influencées par ces facteurs externes.
Il y a deux ans à peine, les perspectives s’annonçaient radieuses. La production de girofle de Madagascar était passée de 16 000 tonnes en 2020 à plus de 34 000 tonnes en 2022, générant un chiffre d’affaires de 224 millions de dollars, avec des prix plus ou moins cléments sur le marché international (entre 7 et 8 dollars). Cependant, depuis le second semestre de l’année dernière, le tableau s’est assombri. Le prix moyen a drastiquement diminué, atteignant jusqu’à 6 dollars le kilo de clous de girofle. « Les exportations de girofle ont [aussi] accusé une baisse de 9,0 %, rapportant 95,3 millions de dollars US, contre 104,7 millions de dollars US en 2023 », d’après la BFM. Au troisième trimestre de 2024, il était déjà trop tard pour rattraper le coup, malgré l’ouverture de la nouvelle campagne. Les exportations de girofle avaient déjà reculé de 23,5 %.
Conséquences
Il va sans dire que cette situation influence les producteurs. La combinaison de la baisse de la production et des prix a des conséquences directes sur les revenus des agriculteurs, qui dépendent du girofle comme source de revenu principal. Le pays compte dix-huit mille producteurs, avec une superficie cultivée de 70 000 hectares, et 90 % de la production est concentrée au Nord de l’île, dans la région d’Analanjirofo, dont le nom est équivoque.
C’est l’industrie pharmaceutique qui est le premier acheteur de cette épice en raison de ses vertus thérapeutiques, avec des pays comme l’Inde, l’Indonésie ou encore Singapour, qui sont les principales destinations d’exportation du girofle malgache. Cependant, il est difficile de savoir s’il s’agit d’une tendance qui s’inscrira dans la durée ou s’il s’agit juste des aléas du marché. Les prévisionnistes estiment que le marché du girofle pourrait accuser une hausse de 3,5 % par an jusqu’en 2027, mais le contexte ne s’y prête pas, avec les différentes tensions géopolitiques ainsi que la baisse de la demande dont vient d’être témoin, impuissante, la Grande Île. Le girofle de la Grande Île représente, selon l’Organisation mondiale du commerce, 27 % de la part du marché mondial.
Itamara Otton