Les Tantsaha, un groupe aux multiples talents 

 L’Amoronkay dans le Vakiniadiana.

Les Tantsaha ont eu une histoire particulière, bien qu’elle soit peu mise en relief car le plus souvent, elle sert de justificative aux épopées des souverains merina, ce qui n’est pas le fruit du hasard. C’est ce qu’affirme l’historienne Ramisandrazana Rakotoariseheno, en 2019, dans sa Communication à l’Académie Malgache, sur «L’Ambodirano, le un-sixième du royaume Merina du XVIe au XVIIIe siècle » (lire précédentes Notes). Leurs actes rapportés par les traditions présentent une certaine similitude de présentation : « Les Tantsaha ont toujours été sollicités par les souverains pour leur contribution agricole, leur qualité guerrière ou leur fidélité à leur politique. »

 L’épopée de la lignée d’Andriantsitakatra (1250-1300) de Fanongoavana, et dont les ascendants connus remontent au VIIIe siècle, racontée par les « Tantara » de père Callet et, particulièrement, par Rainitovo, montre les pérégrinations du groupe « merina » à travers les Hautes-Terres et leur décision de quitter ce premier lieu pour aller vers le sud, afin de s’établir sur les bords de la Sisaony, au climat plus chaud et propice à la culture du riz. Sa descendance a colonisé les régions Vakinisisaony et Ambodirano. « La reine Rangitatrimovavimanjaka d’Ampan-drana, vers 1500, en est la dixième ou la douzième génération », signale l’auteure de l’étude qui ajoute : «  Cette note d’histoire ancienne expliquera largement la place des Tantsaha et leur relation avec la dynastie d’Alasora par la suite. »

La mitoyenneté avec les groupes Keliampinga, d’Andramasina, d’Iharana et de Tsiafahy, les Famailahy de l’Andrarakasina (de la haute Sisaony), les Zafimbazaha de Dilambato, les Fonosandahy d’Ambohimasimbola et d’Ampandrana, et les Zanamihoatra d’Ambohitraina et d’Ankadivoribe semble être une indication d’ancienneté, rappelle l’académicienne. « Toujours est-il que les Maroandriana, la lignée royale qui régnait sur tous ces groupes, seraient de la descendance d’Andriandranolava et d’Andriamorainy, vers 1365, eux-mêmes fils d’Andriamboniravina et de Rapoloalimanjaka et petits-fils d’Andrianampongadanitra. » Rangita est de la descendance directe d’Andriandranolava, le maitre du kabary (art oratoire). Les deux régions, Vakinisisaony et Ambodirano des Tantsaha, ont donc été quadrillées par une même dynastie. Le déplacement successif des capitales, Beravina, Ambatondrakoriaka de l’Amoronkay, Ampandrana, Imerimanjaka, Alasora sont les expressions de conquêtes territoriales. En 1932, Rainitovo (« Tantara ny Malagasy manontolo »), affirme même que l’Ikopa ou Andranomiry sert à délimiter le sud du fleuve appartenant aux Merina et le nord du fleuve encore fief d’une autre dynastie dite Vazimba jusque dans l’Avaradrano actuel. 

Savaron reprend la même idée pour retracer l’histoire des Merina qui se sont heurtés à d’autres groupes dont ils étaient séparés (« Note d’histoire malgache. Contribution à l’histoire merina, » in Bull.de l’Acad. Mal, ns 1931). Ce qui expliquera la volonté de Ralambo de conquérir en premier lieu le nord et d’avoir eu deux « toko » comme royaume dans cette région. Le sud, appartenant aux parents, n’est plus à conquérir.

L’Imerinatsimo d’avant Rangita a de multiples ressources et richesses, mines et exploitation de bois à l’Est à proximité de l’Ankay, riz irrigué dans les zones basses, commerce de longue distance chez les groupes Famailahy, Zafimbazaha, et Trimoanala. C’est chez eux qu’Andrianjaka aurait trouvé des fusils et des barils de poudre à acheter. C’est donc une région pleine de promesse. Mais la vraie valeur de la zone Tantsaha est qu’elle est le deuxième grenier à riz de l’Imerina, après le Betsimitatatra. Si les Vazimba d’Analamanga (Antairoka ou gens des marais) ont la tradition du riz pluvial sur la plaine d’inondation de l’Ikopa, les Tantsaha pratiquent déjà la technique du riz irrigué. L’inventaire des « hetra » (le hetra étant la moitié d’­un hectare) à la fin du XVIIIe siècle, fait état de 8 000 « hetra » pour la partie nord, outre ceux qui sont au sud vers le Vakinankaratra. Les surfaces rizicoles de l’Imerinatsimo sont le double de celles de l’Avaradrano. 

L’autre donnée historique relative à cette riziculture providentielle est la mention du site d’Ambarinandriananahary au sud d’Antsahadinta. Mais personne ne veut le montrer de nos jours, de peur d’une éventuelle désacralisation du lieu, précise Ramisandrazana Rakotoariseheno (« Contribution à l’histoire de l’Imerinatsimo », Symposium International d’histoire et de civilisation, « l’Odyssée d’un Peuple de la Mer » fin novembre 2017). Il est indiqué que les premiers habitants de l’Ankaratra auraient trouvé des grains miraculeux et l’avaient semé en  ce lieu. Ambohitraina des Zanamihoatra est l’endroit où le riz est récolté abondamment. « Ce qui lui valut ce nouveau toponyme ‘où il fait bon de vivre’ car tout un chacun était rassasié (vers 1358). » 

Pela Ravalitera

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