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Lors de l’interpellation de l’enseignant par les Forces de gendarmerie. |
La nomination d’un président de délégation spéciale (PDS) à la tête de la commune urbaine d’Antsiranana, en remplacement du maire élu, suscite des contestations.
Lundi matin, les Forces de l’ordre ont interpellé Rado Rakotobe, enseignant à l’Institut Supérieur de Technologie et à l’École Supérieure Polytechnique d’Antsiranana. Il est soupçonné d’avoir tenté d’organiser un rassemblement de protestation contre l’installation du PDS, dénonçant une remise en cause du résultat des dernières élections communales et municipales.
L’interpellation a eu lieu aux alentours de 8 heures, sur la place Foch, devant la mairie. Peu avant, l’enseignant avait lancé un appel à la mobilisation via les réseaux sociaux, exhortant la population à se rassembler contre la nomination de Tina Edmond à la tête de la commune. Arrivé sur place en avance, il a constaté une faible affluence et a diffusé une vidéo en direct sur Facebook, dans laquelle il s’étonnait de l’absence de soutien : « Où êtes-vous, soldats ? Je suis ici depuis 15 minutes déjà. Si personne ne vient, je ferai ce que je peux. J’en ai assez de cette situation et de ces lèche-bottes. »
Dès l’aube, la place avait été placée sous haute surveillance par les Forces de défense et de sécurité. Isolé, l’enseignant a été appréhendé et conduit à la caserne de la gendarmerie d’Antranobozaka.
Une figure controversée
Connu pour ses prises de position critiques vis-à-vis du pouvoir, Radovola Rakotobe mène depuis plusieurs semaines des campagnes de sensibilisation en malgache et en russe. Il revendique une double nationalité – malgache et russe – et affirme avoir étudié en Russie durant une décennie. Selon ses proches, il a épousé une citoyenne russe.
Dans l’une de ses interventions récentes, il a assuré que sa nationalité russe lui conférait le droit de saisir les autorités de Moscou pour dénoncer son arrestation. « Personne ne peut m’arrêter, sinon Vladimir Poutine lui-même devra venir à Madagascar », a-t-il lancé.
Son interpellation a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Plusieurs internautes dénoncent une atteinte à la liberté d’expression et appellent à une mobilisation en faveur de l’enseignant.
Pour l’heure, les autorités restent silencieuses. Aucune déclaration officielle n’a été faite sur l’arrestation, les enquêteurs invoquant la nécessité du secret de l’instruction.
Raheriniaina