Pauvres richards

L’intervention du général Richard Ravalomanana sur certains sujets affole les réseaux sociaux depuis quelques jours. La plupart des internautes sont choqués par ses propos jugés provocateurs par-dessus le marché. Pourtant, le président du Sénat a dit très haut ce que tout le monde constate. Du moins, concernant la pauvreté.

Le général Richard Ravalomanana a ainsi affirmé que les Malgaches ont beau être pauvres, les embouteillages sont infernaux tous les jours, quel que soit le prix des carburants, les magasins de grande distribution sont pris d’assaut, jours ordinaires comme jours de fête. Le nombre de voitures qui circulent augmente de jour en jour et le marché automobile, d’occasion ou neuf, se porte à merveille. Le nombre de taxis-be et de camions laisse bouche bée. Sans parler des 4x4 qui se vendent comme des petits pains, tout comme les voitures de luxe.

Ce qui constitue un fait indéniable. Ce sont deux exemples du paradoxe de la pauvreté. Il y en a d’autres, encore plus sidérants, à l’image de la consommation de ciment qui est passée de 800.000 tonnes en 2023 à plus d’un million de tonnes. Comme on dit, quand le bâtiment va, tout va. La promotion immobilière n’a jamais été aussi florissante. Il y a les grandes sociétés qui construisent des villas à vendre sur des lotissements, mais il y a aussi les particuliers. Et c’est le plus surprenant, étant donné qu’en ville comme dans les périphéries, ça construit comme jamais et à une vitesse supersonique.

Outre les appartements et les villas de moyen ou de haut standing, les « espaces » poussent comme des champignons. Et dire que 80 % des Malgaches touchent moins de 2 dollars par jour.

On se demande d’où vient tout ce capital investi dans le secteur auto et l’immobilier. On sait que la corruption et le secteur informel font tourner l’économie mais n’enrichissent pas l’État. S’agit-il d’un blanchiment de capitaux ? C’est une éventualité à ne pas écarter.

Si tous les organes de lutte contre la corruption et les blanchiments de capitaux remplissaient leur mission, les richesses seraient mieux réparties et l’écart social ne serait pas ce qu’il est actuellement. Entre ceux qui chiadent depuis deux heures du matin pour un sac de riz et ceux qui font la queue dans les grandes distributions, l’objectif est le même, mais les moyens sont aux antipodes.

C’est l’effort à faire. Il faut resserrer le fossé entre riches et pauvres. Faire de la pauvreté une richesse. Si on pouvait seulement l’exporter.

Sylvain Ranjalahy

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