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Le Jimny est un authentique familial. |
Le Jimny LJ10 a été lancé par Suzuki en 1970. Se réincarnant en Samurai, il a été le premier véhicule commercialisé par Suzuki en Europe. Fabriqué en Espagne sous le nom de Santana, sa première marque de commercialisation. Le modèle 5 portes de l’actuelle génération avait été présenté à l’Auto-Expo de Noida, New Dehli, en Inde, le 11 janvier 2023. Car, pour les marchés malgache, africains et sud-américains, la fabrication du Jimny fut délocalisé en Inde, à partir de 2020. C’est avec un Jimny 5 portes, un véhicule mis à disposition par CFAO, et en boîte manuelle 5 rapports pour rester vintage, que j’ai effectué un aller-retour Tana-Majunga.
Le Jimny 5 portes reprend le principe de l’allongement de l’empattement : il y eut également une majoration de 34 cm exactement entre celui du Samurai court (2.03 m) et celui du Samurai long (2,37 m). Les 34 cm supplémentaires du Jimny 5 portes permettent l’aménagement de vrais sièges pour deux adultes à l’arrière, tout de même plus confortables que les minces strapontins du modèle 3 portes. Les longs trajets, régulièrement déconseillés aux propriétaires des Samuraï 410/413 et Jimny ancien modèle, ne sont plus une punition.
D’emblée, la voiture donne une impression visuelle de robustesse. À la façon de la Mini originelle, les quatre roues (195/80R15) sont rejetées aux extrémités, dégageant de faibles porte-à-faux avant/arrière. Aucun appendice ne dépasse sous le véhicule, ce qui diminue d’autant l’appréhension au moment de s’engager résolument dans la pierraille ou les flaques d’eau aux pièges invisibles. Moderne, mais pas trop, le Jimny repose sur un châssis-échelle que ne renie pas le dernier G.
Carré et anguleux, bien campé sur ses roues, il renoue avec la virilité rustre d’un Land Rover Defender, d’un Mercedes «Geländewagen», ou d’un Patrol Y60. Une ligne qui n’hésite pas entre «bio design» des années 90 ou arêtes vives torturées du début 2000. Un design sans fioritures, un capot et des flancs plats, tracé avec une règle et une équerre. Les modes peuvent passer, cette sobriété classique demeurera intemporelle.
Un gentil parallélépipède cubique de 3,99 mètres de long, 1,72 mètre de haut et 1,65 mètre de large, équipé d’un moteur essence quatre cylindres atmosphérique de 1.5 litres, 105 chevaux avec un couple de 134 Nm. La puissance est disponible dès les plus bas régimes, et la voiture progresse sur un filet de gaz. Pouvant rouler au pas, le Jimny ne battra pas des records de vitesse. Il n’a pas été conçu pour ça. Et on cruisera tranquillement à 70-80 kmh en veillant à rester à 2000 tours pour ménager le petit réservoir de 40 litres. À ce train, un carré s’estompe sur le tableau tous les 60 km, ce qui fait une frugalité de 6,66 à 7,14 litres pour 100 kilomètres. Théoriquement, un seul plein devrait permettre d’aller au bout d’un Tana-Majunga, mais selon que l’on descende vers la mer ou qu’on monte vers les hautes terres centrales, par précaution, on se ravitaillera à Ambondromamy (aller) et Maevatanàna (retour).
À la longue, les quatre freins à disque donnèrent une impression de patinage dans les virages abordés un peu vivement. D’ailleurs, le Jimny peut dandiner de l’arrière malgré l’augmentation de l’empattement. Dans la semi-pénombre piégeuse du parc d’Ankarafantsika, je vis trop tard le dos d’âne qui fit faire un joli jump à la voiture, sans cependant qu’elle se vautre ni se dérobe à l’atterrissage.
Les différents angles n’ont pas à rougir en comparaison des ténors du 4x4 : 36° en angle d’attaque (Defender 49°, Classe G 34°, Jeep Wrangler 38°) ; 50° en angle de sortie (35 Defender 35°, Classe G 29°, Jeep Wrangler 31°) ; 24° en angle ventral (Defender Court 33°, Classe G Long 29°, Wrangler 5p. 20,8°). Ces angles généreux, servis par de bons débattements, confortés par une garde au sol de 210 mm (supérieure à celle d’une G d’avant 2018) et une transmission 4x2/4x4 dotée d’une réduction, invitent à sortir du bitume.
La poignée de maintien (façon Jeep), au-dessus de la boîte à gants, annonce la couleur : c’est un 4x4 et qui peut secouer fort malgré les ressorts hélicoïdaux sur le double essieu rigide. Les vidéos du club Jimny attestent de ses possibilités en tout-terrain. Sans aller à ces extrémités, à bord d’une voiture d’emprunt, je n’eus aucun souci dans la boue et sur la caillasse qu’on croise régulièrement sur nos routes. Le sable d’une plage ne lui fait pas peur sans devoir recourir au «crabo». Même en 4X2, il est capable d’escalader un gros moellon oublié sur un sentier perdu. Dans les descentes un peu accidentées, avec une première pas si courte et une réduction pas herculéenne, autant accompagner l’assistance à la descente d’une prudente pression sur la pédale de frein.
Le moteur essence n’envahit pas trop l’habitacle, mais les bruits de roulement ont vite fait d’étouffer les faibles hauts-parleurs du système audio qui propose pourtant une connexion bluetooth et USB. La boîte à gants ne peut pas contenir un Coca-Cola de 1,5 litre, mais il accepte quatre Grimbergen de 25 cl (blanche, triple d’abbaye, ambrée, pale ale). Dommage qu’il ne soit pas réfrigéré pour mieux affronter la chaleur de la RN4 (25°C à 4h55 AM). Plus gênant au quotidien, les porte-gobelets relégués derrière le levier du frein à main. D’autant que leur forme carrée n’est pas une invite pour nos bouteilles d’eau ou canettes rondes. Les vide-poches dans les contre-portes proposent une contenance symbolique, juste de quoi glisser les papiers de la voiture ou garder son téléphone à portée de main.
La porte du coffre s’ouvre «du mauvais côté», car on roule à gauche au Japon et en Inde, rendant impossible un accès direct au trottoir dans un pays où on roule à droite, comme Madagascar. Une prise 12 volts dans le coffre permet de brancher une glacière électrique. L’allongement de la voiture profite réellement aux valises de quatre occupants, justifiant une polyvalence plus familiale dans moins de 4 mètres de long.
Le Jimny 5 portes a les défauts de ses qualités. Le charme de l’ancien avec un rien de modernité. Il ne faut pas trop lui en demander. Mais, cette voiture a tous les atouts pour rejoindre le club des Niva, Defender et G, que les amateurs éclairés continuent de bichonner sur plusieurs décennies.
Nasolo-Valiavo Andriamihaja