Mauvais élève

Un coup de tonnerre. L’ancien directeur général du Fonds Monétaire International (2004-2007) et ancien ministre espagnol de l’Économie, Rodrigo Rato, vient d’être condamné à quatre ans et neuf mois de prison et à une amende de deux millions d’euros. Il a été jugé coupable de corruption, de blanchiment d’argent et de délits fiscaux.

Voilà une nouvelle qui éclabousse la crédibilité et l’honorabilité de cette institution financière bien connue des pays pauvres avec ses « conditionnalités  » pour redresser une situation économique catastrophique. Même si les faits qui lui sont reprochés ont eu lieu entre 2005 et 2015, c’est-à-dire quand il a quitté le FMI pour être succédé par Dominique Strauss Khan dont le passage à la tête de cette institution a également défrayé la chronique.

Pendant cette décennie, Rodrigo Rato a réussi à détourner 8,5 millions d’euros au détriment du fisc espagnol grâce à des comptes offshores basés au Panama, en Irlande et au Royaume-Uni et des comptes aux Bahamas, à Monaco, au Luxembourg et en Suisse.

Le choix du directeur général du FMI est soumis à une enquête de moralité très stricte en dehors de sa compéte nce financière. Ce qui suppose que l’heureux élu est irréprochable, aussi bien pendant son mandat que pendant la suite de sa carrière. Ce qui n’est pas la moindre des choses, sinon toutes les mesures imposées aux pays contractant des subventions au FMI n’ont aucun sens. Actuellement, Madagascar est soumis à un programme de redressement économique pour pouvoir bénéficier de la Facilité Élargie de Crédit et de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité. Des mesures impopulaires à l’image de la hausse du prix du carburant, des tarifs de la Jirama, des impôts et dont les conséquences sociales seront inévitablement graves.

On a du mal à imaginer qu’un aussi grand fonctionnaire ait commis de tels actes. Mais cela permet de comprendre que certains anciens présidents d’institutions de lutte contre la corruption embrassent une carrière politique chez nous après avoir quitté leur fonction. Cela enlève toute crédibilité à l’institution et anéantit tous les efforts consentis pour lutter contre la corruption. Pareil pour une institution contraignant ministres et députés à une déclaration de patrimoine alors que ses membres mettent du baume dans les épinards pendant leur exercice. Si le gardien de la morale montre une mauvaise conduite, il ne faut pas espérer le moindre résultat dans la lutte contre tous les vices.

Sylvain Ranjalahy

1 Commentaires

  1. Vous oubliez qu'il a été condamné à plus de 4 ans de prison et une amende de 2 ME: le jour les politiciens malgaches iront en prison, vous pourrez commencer à espérer des résultats...mais il existera toujours des corrompus comme il existera toujours des maladies... un pays c'est comme un corps, tant que son système immunitaire prends le dessus sur les maladies, il se développe mais lorsqu'il y a trop de maladie et que le corps ne les combats pas, c'est la mort...

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