Une dizaine de tortues ont disparu au parc Tsimbazaza. |
L’enquête sur le vol d’espèces endémiques conservées au parc botanique et zoologique de Tsimbazaza aboutit à une première peine. Des agents du parc, présumés coupables, sont en prison.
Le juge inflexible
Le juge d’instruction du tribunal de première instance à Anosy a ordonné le placement en détention provisoire des douze suspects dans l’affaire de vols de tortues au parc botanique et zoologique de Tsimbazaza. Cette décision a été rendue tard dans la soirée du mardi 29 octobre. Dix des agents du parc sont détenus à la maison de force de Tsiafahy. Deux autres, dont une femme employée du parc et l’enfant d’un agent, sont placés à la maison centrale d’Antanimora. Ces agents de sécurité et responsables de l’alimentation des animaux entre autres, y attendent leur procès, prévu se tenir le 13 novembre.
Un acte criminel sur des espèces protégées
Ils sont accusés d’actes criminels, notamment, le vol de vingt individus de tortues, conservées au parc de Tsimbazaza, en deux nuits de suite, la semaine dernière. L’Astrochelys radiata et le Pyxis arachnoïdes, les espèces de tortues volées sont protégées par la législation nationale. Elles sont considérées comme des « espèces en danger critique d’extinction » selon les critères de la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ce classement représente le dernier stade avant l’extinction complète de l’espèce.
Un marché lucratif et un trafic bien organisé
Le vol de ces espèces dans un endroit censé être sécurisé montre que les trafiquants de tortues sont prêts à tout pour les dérober. Mais à quel prix ? Une investigation sur le trafic de tortues, « Espèces sauvages : Tortues de Madagascar, l’éternelle proie des braconniers », publiée sur www.malina.mg le 2 juin 2023, révèle que le marché de cet animal est « juteux ». Sa viande serait proposée par certains restaurateurs au sud de Madagascar. Le kilo varierait entre 20 000 à 50 000 ariary. Et l’unité pourrait coûter entre 10 000 et 200 000 ariary.
Un trafic juteux aux ramifications internationales
Il n’y aurait pas que les restaurateurs au sud du pays qui proposent cet animal. Beberon Randriamampionona, chef secteur Madagascar National Parks (MNP) à Beahitsy, a indiqué aux journalistes d’investigation, auteurs de cet article, que « (…) Les commandes viennent même d’Antananarivo ». Pour les exportations, cet animal vaudrait plus cher. La presse thaïlandaise qui a rapporté l’importante saisie de tortues et de lémuriens en Thaïlande, au mois de mai, a noté que dans ce pays d’Asie du Sud-Est, « une tortue radiât se négocie autour de 100 000 bath (ndlr : l’équivalent de 2 500 euros). Elle peut être revendue dix fois plus cher à Hong Kong ».
Vers une enquête approfondie pour stopper le fléau
Une enquête approfondie sur l’origine de ce trafic est nécessaire pour identifier et punir les personnes impliquées, afin de stopper ce fléau qui éteint, progressivement, ces animaux endémiques.
En résumé, la sécurité des espèces endémiques de Madagascar est gravement menacée par le trafic illégal. Renforcer les contrôles et engager des actions sévères sont désormais cruciaux pour la préservation de la biodiversité unique du pays.
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