Andry Rajoelina plaide pour la candidature malgache à la présidence de la Commission de l’Union africaine. |
Le candidat de Madagascar à la Commission de l’Union africaine a été présenté au sommet du Comesa. Andry Rajoelina demande aux États membres d’appuyer la candidature malgache.
Sans équivoque, Madagascar passe à la vitesse supérieure dans la course à la présidence de la Commission de l’Union africaine (C-UA).
Richard Randriamandranto, candidat de Madagascar à la présidence de la C-UA, a été présenté officiellement devant les États membres du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa). Une présentation faite par Andry Rajoelina, président de la République, en clôture de l’allocution qu’il a prononcée au 23e sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’organisation régionale, à Bujumbura, au Burundi.
«C’est avec un profond sens de responsabilité et d’engagement que je sollicite donc votre soutien, votre solidarité et l’appui de tous les États membres pour la candidature malgache lors des élections qui auront lieu durant la 38e session ordinaire de la Conférence de l’Union africaine, qui se tiendra en février 2025», déclare ainsi le locataire d’Iavoloha.
Comme l’indique le chef de l’État, c’est la première fois que la Grande Île présente un candidat à la présidence de la C-UA depuis la création de l’Union africaine. Madagascar fait pourtant partie des membres fondateurs de cette organisation continentale. Andry Rajoelina présente la candidature de Richard Randriamandranto comme étant la preuve de la détermination de Madagascar à jouer un rôle de premier plan en Afrique.
« Madagascar est déterminé à contribuer pleinement à la réalisation de notre vision commune, ‘l’Afrique que nous voulons’. Et c’est dans ce sens que, pour la première fois depuis la création de notre organisation et de l’Union africaine, nous présentons notre candidature au poste de président de la Commission de l’Union africaine », soutient Andry Rajoelina.
Lobbyings
En février, les chefs d’État et de gouvernement de l’UA éliront le successeur de Moussa Faki Mahamat, actuel président de la Commission de l’organisation régionale. Le président de la C-UA est élu de manière tournante par région. Cette fois-ci, c’est aux pays de la région Est, dont Madagascar, de présenter des candidats. Pour la première fois donc, la Grande Île aligne son favori pour briguer le poste. Les candidats de l’île Maurice, de Djibouti et du Kenya sont aussi en lice.
Ancien ministre de l’Économie et ancien ministre des Affaires étrangères, Richard Randriamandranto a comme concurrents deux anciens chefs de la diplomatie de leur pays respectif. Il s’agit du Mauricien Anil Gayan et du Djiboutien Ali Youssouf. Le dernier candidat est l’ancien Premier ministre du Kenya, Raila Odinga. Selon les analystes et observateurs de la scène continentale, le porte-étendard malgache serait le moins connu des quatre prétendants sur la scène africaine.
Toutefois, depuis l’officialisation de la candidature de Richard Randriamandranto, Madagascar déploie son arsenal diplomatique pour mettre toutes les chances de son côté. Une des voies privilégiées est de solliciter le soutien des organisations régionales auxquelles la Grande Île adhère. Il y a le Comesa, mais aussi la Communauté de développement des États d’Afrique australe (SADC) et la Commission de l’océan Indien (COI).
Richard Randriamandranto a même été parmi les délégations malgaches qui ont pris part au sommet Chine-Afrique en septembre et au sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en début octobre. Jusqu’ici, toutefois, les lobbyings sur la candidature malgache se faisaient en coulisses. Un temps, Madagascar a plaidé pour une candidature unique soutenue par la SADC et la COI et a demandé que ce soit son candidat. L’île Maurice, également membre de ces deux organisations, a toutefois maintenu la candidature de son représentant.
Le Kenya et Djibouti, qui alignent aussi des candidats à la présidence de la Commission de l’Union africaine, et l’île Maurice, sont également membres du Comesa. Le sommet du Marché commun de l’Afrique orientale et australe est probablement le dernier grand rendez-vous de l’année pour les organisations panafricaines dont Madagascar est membre. Cette fois-ci donc, la Grande Île a décidé d’engager une offensive diplomatique frontale et officielle, en mettant en avant son statut de membre fondateur de l’Union africaine.
De prime abord, bétonner la candidature de Richard Randriamandranto est une des raisons du déplacement éclair de Andry Rajoelina au sommet du Comesa. Par ailleurs, parmi les quatre pays ayant des candidats à la présidence de la C-UA et membres du Comesa, seuls Madagascar et le Kenya ont été représentés par leur Président respectif. Pour Djibouti, c’est son Premier ministre qui a fait le déplacement. Quant à Maurice, son Premier ministre, chef de l’Exécutif, est accaparé par la campagne électorale en vue des législatives anticipées du 10 novembre. Madagascar et son candidat ont ainsi un peu plus de trois mois pour damer le pion à leurs concurrents et transformer l’essai.
Garry Fabrice Ranaivoson