Turpitudes climatiques

«Dès qu’il ouvrit la porte, une sensation étrange le figea sur le seuil ; il lui sembla qu’il ne pouvait plus respirer, et qu’il était sur la porte d’un four. Pourtant, un vent léger soufflait. Il regarda le ciel. Pas un nuage, mais la lumière du soleil était comme jaune et troublée, et le vent qui frôlait son visage lui parut brûlant».

«Mon Dieu, c’est un incendie ? Non…C’est bien pire : c’est un coup de sirocco… C’est le vent d’Afrique…»

«(La pluie) n’était pas très forte mais pourtant elle faisait un bruit étrange sur les feuilles de maïs, un tapotement trop sonore. Les maïs étaient blancs et les gouttes sonnaient sur leurs feuilles parcheminées. Les feuilles craquèrent entre ses doigts. Les maïs étaient morts».

«Les larges feuilles des courges, tâchées de jaune, étaient molles et flétries ; les longues tiges, convulsées par la chaleur, et enchevêtrées par le vent, étaient sèches comme des fagots de sarments. Pourtant, elles portaient des centaines de fruits, déjà plus gros que des oranges, mais qui ne grossiraient jamais plus».

Ce soleil de plomb, cet air sec et trop chaud, me font tout de suite penser aux mésaventures de «Jean de Florette». Ces premières lignes de Marcel Pagnol rejoignent celles-ci de John Steinbeck dans «Les raisins de la colère» : «Le soleil dardait ses rayons brûlants. Les quelques poulets avaient quitté la cour pour se cacher dans l’appentis à outils, à l’abri du soleil. Dans leur étable, les cochons haletaient, collés à la palissade où un peu d’ombre se dessinait, et de temps en temps, ils poussaient des plaintes aiguës. Les deux chiens étaient étendus dans la poussière rouge, sous le camion, haletants, leur langue humide couverte de poussière».

D’autres souvenirs de lecture, associés à la poussière du bush australien dans «Les oiseaux se cachent pour mourir», achèvent de dessiner un paysage infernal que nous nous préparons en pratiquant assidûment feux de brousse et charbonnage.

Ce ciel bleu limpide n’a rien de «beau». Les nuages sont chassés par cette fumée à l’odeur de végétation carbonisée. L’humidité a déserté l’ancienne mer de rizières devenue parkings ou lotissements résidentiels. On nous signale un cyclone en formation, quelque part dans l’Océan Indien. La folie des hommes nous fera bientôt espérer ses précipitations plutôt que de redouter la force destructrice de ses vents.

Et, pendant ce temps, nous participons au COP. Pour y accuser le reste du monde de nos propres turpitudes.

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

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