La cadence des travaux diplomatiques malgaches devrait être plus rythmée durant les prochains mois. |
Les deux derniers mois ont été surchargés pour Madagascar dans le domaine diplomatique. Entre rendez-vous internationaux, l’accueil de délégations et d’invités de marque, le planning a été intense.
Un marathon diplomatique. C’est ce que l’État vient de boucler avec le sommet du Marché commun des États d’Afrique orientale et australe (Comesa), la semaine dernière. Durant les deux derniers mois, l’agenda diplomatique de Madagascar a été intense. Un rythme qui devrait être soutenu, en coulisses, en vue des futures échéances.
Andry Rajoelina, président de la République, érige la diplomatie, notamment, la diplomatie économique comme un des axes majeurs de son mandat. Une des traductions en acte de cette politique est « d’être présent et de faire entendre la voix de Madagascar », aux rendez-vous internationaux. L’autre axe est aussi de faire en sorte que chaque événement international soit une opportunité pour attirer des investisseurs à choisir Madagascar comme terre d’investissement.
Le marathon diplomatique des deux derniers mois a démarré à Beijing, durant le sommet Chine-Afrique ou FOCAC 2024, en début septembre. Un événement en parallèle duquel le chef de l’État, qui a conduit la délégation malgache, a enchaîné les rencontres avec des poids lourds du secteur industriel chinois. L’objectif durant ce déplacement a été essentiellement économique.
Après en avoir fini avec les tourmentes de la pandémie de la Covid19, la Chine veut accélérer la mise en œuvre du projet « la nouvelle route de la soie », ou « Belt and Road Initiative ». Madagascar ne veut donc pas rater la coche. La Grande île a ainsi mis en avant sa position géostratégique dans l’océan Indien pour convaincre les investisseurs chinois.
Après le FOCAC, Madagascar a successivement été présent au Sommet de l’Avenir et à l’Assemblée générale (AG) des Nations unies. Ces deux rendez-vous se sont tenus au siège de l’ONU à New York, en septembre. Pour la première fois, justement, Madagascar, par le biais de Rafaravavitafika Rasata, ministre des Affaires étrangères, a conduit une session de l’AG des Nations unies.
En juin, la Grande île a été élu vice-présidente de la 79e AG de l’ONU pour la période septembre 2024 à septembre 2025. À New York, elle a notamment plaidé pour une réponse collective et inclusive aux crises globales. En marge du double événement, les discussions pour la mise en place d’une coalition des pays qui ont une émission de carbone négative ou neutre, dont Madagascar, ont été accélérées.
Concrétisation
Sur le plan diplomatique, le mois de septembre a été conclu par l’investiture de Edgard Razafindravahy, comme secrétaire général de la Commission de l’océan Indien (COI), à Maurice. Après cet acquis diplomatique majeur, Madagascar veut continuer sur sa lancée avec la conquête de la présidence de la Commission de l’Union africaine (C-UA). L’élection est prévue en février 2025.
La Grande île est justement passée à l’offensive sur ce sujet, en présentant son candidat à la présidence de la C-UA, Richard Randriamandranto, lors du sommet du Comesa, la semaine dernière. Ce rendez-vous a aussi conclu deux mois intenses sur le plan diplomatique. Après un septembre chargé, octobre a démarré par la participation de Madagascar au sommet de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
L’agenda diplomatique d’octobre a surtout été marqué par l’organisation d’événements internationaux et l’accueil de personnalités et délégations étrangères. L’Assemblée générale des investisseurs d’Africa 50, en septembre, a visiblement donné le ton. Durant le mois d’octobre, des événements comme la consultation régionale sur la politique migratoire, ou encore la consultation continentale pour la réduction de l’offre de drogues de synthèse se sont tenus à Antananarivo.
Toujours en octobre, il y a eu le colloque de l’océan Indien sur le VIH/SIDA et la conférence régionale sur la paix et la stabilité dans la zone COI. Parallèlement, des délégations étrangères ont visité la Grande île durant le mois passé. Dans la continuité du FOCAC, de hauts responsables et des chefs d’entreprises chinois ont été à Madagascar pour parler de « la concrétisation » des discussions et accords signés.
Des hommes d’affaires et une délégation gouvernementale émiratie se sont aussi rendus à Madagascar pour parler investissements et partenariats. Des démarches qui sont dans la continuation des participations malgaches à des événements internationaux, aux Émirats arabes unis en début d’année. Les acteurs africains ne sont pas en reste.
« Tous ces événements démontrent notre capacité grandissante à accueillir des activités internationales et prouvent que de plus en plus d’investisseurs étrangers s’intéressent à Madagascar, grâce aux efforts communs que nous avons réalisés », soutient la ministre des Affaires étrangères sur son compte Linkedin. Ces différents événements peuvent servir de répétition en vue des deux événements internationaux majeurs que la Grande île accueillera l’année prochaine.
Il y aura le sommet de la COI, à Nosy Be, en début d’année, et le Sommet de la Communauté de développement des États d’Afrique Australe (SADC), en août. En parallèle, l’opinion publique attend aussi que les offensives diplomatiques se traduisent rapidement en investissements concrets et bénéfiques pour la population. Des domaines touchant à des problèmes actuels comme l’énergie et l’agriculture figurent parmi les domaines qui intéressent les investisseurs. Telle est, d’autant plus, la raison d’être d’une diplomatie économique.
Garry Fabrice Ranaivoson
Bon voyons !
RépondreSupprimerLa Commission de l’Union africaine joue un rôle crucial dans la définition des politiques de paix, de sécurité, de développement et de coopération entre les États africains. Le président de la Commission doit être capable de rassembler les États membres autour de valeurs communes de transparence, d’efficacité et de respect des droits humains.
Est-il prudent de confier cette mission à un représentant d’un gouvernement qui fait face à des accusations de mauvaise gouvernance et de corruption ?
Risque de perpétuer une mauvaise gouvernance à l’échelle continentale
Les inquiétudes quant à la candidature de Richard Randriamandrato ne sont pas infondées. Les pays africains devraient se poser des questions sur les répercussions potentielles de choisir un dirigeant dont le parcours est associé à un gouvernement accusé de favoriser des pratiques néfastes pour le développement. Les défis de Madagascar pourraient bien illustrer ce que toute l’Afrique pourrait éviter, en se tournant vers des candidats dont le parcours reflète des valeurs de transparence et d’engagement pour le bien-être de la population.
Un choix à faire pour l’avenir de l’Afrique
La candidature de Richard Randriamandrato soulève une question cruciale pour les pays africains : souhaitent-ils confier la présidence de la Commission de l’Union africaine à un membre du gouvernement malgache actuel ? Madagascar peut représenter un exemple des dangers de la mauvaise gestion. Alors que le continent se bat pour un avenir plus transparent, équitable et prospère, le choix d’un leader est plus important que jamais.