Le musée attire les touristes. |
Le Centre National de Recherches Océanographiques de Nosy Be (CNRO) commence peu à peu à remonter la pente avec des réhabilitations de certains de ses laboratoires.
Il vient de totaliser soixante-dix-sept ans d’existence depuis sa création en 1947. À l’époque, il s’appelait IRCM ou Institut de Recherches Scientifiques de Madagascar, mais c’est vers 1950-1963 qu’il a été repris par le bureau de recherche de l’ORSTOM ou Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer, qui a construit toutes les infrastructures existantes jusqu’à maintenant. En 1977, le centre est repris par les Malgaches et devient le CNRO. Le domaine s’étend sur plusieurs hectares.
Situé dans le site de Sarodravoay, fokontany Ambanoro, à la sortie de Hell-Ville sur la route menant à Marodoka et Lokobe, il fut le premier centre de recherches océanographiques à Madagascar. On y découvre l’histoire marine de l’océan Indien et de Nosy Be.
Le CNRO dispose de beaucoup de richesses mais peu connues, autrement dit, le centre a une belle histoire et fait partie du patrimoine de Madagascar.
La région Diana, plus particulièrement Nosy Be, est avantagée par l’existence du CNRO car parmi les neuf centres sous tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et des Recherches scientifiques, un seul est décentralisé dans la région.
Selon les explications de l’actuel directeur du centre, Dr Aly BachiryAdouhouri, le centre est abandonné depuis l’événement politique de 2002, car tous les chercheurs, qui sont presque originaires des hautes terres, ont dû fuir. Résultat, il n’y avait plus de chercheurs jusqu’en 2012 où le centre a procédé à un nouveau recrutement. Il était donc normal qu’il traverse des moments difficiles. Ils se présentent sous de nombreuses formes, non seulement financières mais aussi matérielles.
Mauvaises décisions
Comme remède, les dirigeants de l’époque ont adopté un plan stratégique de redressement, mais ce plan est tombé à l’eau à cause de décisions mal prises, ne serait-ce que le problème de l’hébergement des militaires de la marine nationale qui refusaient jusqu’à présent de quitter les lieux. Or, la présence du camp militaire dans l’enceinte d’un centre de recherche a rebuté les partenaires. Il existe de nombreux dispositifs sur les lieux et la forêt de mangrove est devenue un cimetière des épaves des bateaux saisis… Des projets de construction d’une piscine naturelle et de création d’un aquarium naturel sont tombés à l’eau à cause de ce que les partenaires ont constaté.
Le centre n’avait pas eu de subvention de l’État, il fonctionne avec les aides de ses partenaires.
Il est bon de noter que le laboratoire existant se veut un support permanent non seulement pour le développement de nouvelles connaissances scientifiques et technologiques mais aussi pour la formation, la spécialisation et la recherche dans le domaine de la mobilisation et de la protection des ressources hydriques et la diffusion des résultats auprès des entreprises publiques et privées du secteur de l’eau.
Outre les laboratoires de recherche, le CNRO abrite également un fascinant musée océanographique situé en contrebas, au bord de mer. Ce musée renferme une impressionnante collection d’espèces marines présentes dans les eaux du nord de Madagascar, mettant en lumière l’incroyable biodiversité de la région Madagascar est reconnu comme le deuxième pays au monde en termes de richesse de la biodiversité marine, un trésor que le musée du CNRO met remarquablement en valeur. La visite permet de découvrir la fascinante histoire marine de l’océan Indien et de Nosy Be à travers des collections uniques.
On y découvre trois types de récifs présents au nord de Madagascar : mangrove, plage et barrière de corail.
Squelette de cachalot
Au total, il y existe six cent soixante-deux espèces, dont la plus ancienne des échantillons date de 1952 et la dernière acquisition en 2016. Citons entre autres les espèces d’algues, d’éponges, de coraux, de mollusques, d’échinodermes, de poissons, de crustacés… Sans oublier un mammifère marin et les différents engins de pêche utilisés dans la région Nord-ouest de Madagascar ainsi que la maquette de l’incroyable histoire du navire Sarimanok.
La dernière pièce du musée propose un squelette de cachalot récupéré en 2010 ainsi qu’une côte de baleine. Ce spécimen rare et impressionnant permet d’apprécier la taille et la complexité de l’anatomie de ce mammifère marin emblématique. La côte, plus grande qu’un être humain, témoigne de la stature colossale de ces géants des mers. Même en ayant vu des baleines en vrai, voir qu’une simple côte soit plus grande qu’un être humain vaut le détour.
Le CNRO commence peu à peu à remonter la pente avec ce système de redressement et des réhabilitations de certaines infrastructures.
Une nouvelle vision est désormais mise en œuvre et elle a commencé à porter ses fruits. Le centre a réformé : des jeunes considérés comme motivés et dynamiques ont été sélectionnés pour pouvoir mettre en œuvre la politique de redressement, et pour corriger les erreurs du passé.
« Nous venons d’avoir un financement pour rénover une partie de nos laboratoires car il y a des matériaux sophistiqués fournis par les partenaires qui méritent d’être installés dans un laboratoire respectant les normes », a indiqué le directeur, qui a annoncé que désormais il est possible de faire l’analyse de toute la qualité de l’eau au sein du centre. Il est également possible de faire l’analyse de l’amplification de l’ADN ou Acide Désoxyribonucléique. Donc dans ce cas, inutile de l’envoyer à l’étranger. Il en est de même pour l’analyse des éléments nutritionnels.
Car une université de sciences marines est rattachée au CNRO, il a fait appel aux responsables étatiques pour doter d’une infrastructure « manara-penitra » pour les étudiants.
Squelette d’une baleine échouée en 2010 . |
Raheriniaina