Le lancement de l’élaboration de la politique nationale de développement de la cuisson propre s’est tenu à Ivato, hier. |
95 % des Malgaches ont encore tendance à utiliser le charbon et le bois de chauffage pour leur cuisson. Des moyens de cuisson nocifs pour la santé et pour l’environnement, mais quelles alternatives, moins chères, peuvent les remplacer ?
Il ne faut pas chercher bien loin. Le gaz, l’électricité, ou encore les pépinières qui produisent du bois-énergie peuvent servir d’alternatives propres pour la cuisson. Il s’agit de solutions pérennes qui prennent en compte la question environnementale et sanitaire. Du moins, sur le papier. La majorité des ménages, surtout dans les grandes villes, est consciente des implications de l’utilisation du charbon de bois comme moyen de cuisson. Mais les autres alternatives, comme la résistance, coûtent encore cher, et beaucoup ne peuvent pas se le permettre.
Hier, les responsables publics, avec les partenaires techniques et financiers comme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), se sont réunis à Ivato pour lancer l’élaboration de la lettre de politique nationale pour le développement de la cuisson propre. «Il y a déjà plusieurs pays qui se sont lancés dans la recherche de solutions pour promouvoir la cuisson propre. Actuellement, ce sont le bois et le charbon qui sont principalement utilisés pour cuire la nourriture chez plus de 95 % des Malgaches. Il y a néanmoins des alternatives pour réellement passer à la transition énergétique et ainsi limiter l’exploitation des ressources issues de la biomasse», confie Jean Baptiste Olivier, ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures.
Impératif
L’enjeu n’est pas de remplacer drastiquement les moyens de cuisson utilisés depuis longtemps. Il faut surtout scruter le phénomène à la loupe. Raisons sociales, économiques et même culturelles peuvent conduire les Malgaches à exploiter le bois de chauffage. «Cela dépend surtout de l’environnement dans lequel les gens évoluent. Le contexte n’est pas le même chez un paysan ou un habitant près des zones où il y a principalement du bois, et un citadin», expose un sociologue qui s’est penché de près sur ce sujet.
Tous s’accordent néanmoins sur le fait qu’il est impératif de passer à la cuisson propre, pour des raisons plus qu’évidentes. Les forêts s’effritent à vue d’œil. La couverture forestière de l’île est passée, en l’espace de seulement cinq ans (entre 2005 et 2010), de 9,4 à 9,2 millions d’hectares. Le taux de déforestation à Madagascar figure parmi les plus élevés, et 20 % de ce fléau est causé par l’utilisation de combustibles issus de la biomasse. Une problématique qui nécessite des solutions concrètes selon Max Andonirina Fontaine, ministre de l’Environnement et du Développement durable. «Nous ne protégeons pas seulement l’environnement pour le reverdir, il représente aussi un écrin pour la population qu’il faut préserver à tout prix. C’est la raison pour laquelle nous nous efforçons de vulgariser la cuisson propre. Si nous pouvons fournir des initiatives adéquates, la déforestation diminuera à vue d’œil», estime le membre du gouvernement.
Les solutions sont déjà sous les yeux de tout le monde.
Itamara Randriamamonjy