La mer a tremblé. C’est le cas de le dire. La région du Sud-est a été secouée par une secousse tellurique d’une assez forte puissance, de magnitude 6,1 sur l’échelle de Richter. L’épicentre a été localisé en pleine mer à 60 km de Tolagnaro. Autrement dit, le plus violent séisme jamais enregistré à Madagascar. Bien évidemment, la secousse a été ressentie dans les communes environnantes. La population a eu la plus grande peur de sa vie. Cette zone n’est pas coutumière du fait puisque les dernières secousses de la même espèce avaient eu lieu en 1890 et en 1909. Doit-on s’attendre à des répétitions désormais ? Les prévisions de l’Institut et observatoire de géophysique d’Antananarivo sont plutôt rassurantes. Il n’y aura pas d’autres secousses avant longtemps. Ainsi soit-il.
Sauf que si on pouvait prévoir les futures secousses, pourquoi n’a-t-on pas annoncé au préalable celle d’hier. Autant on peut prévoir, annoncer à l’avance et suivre l’évolution d’un cyclone ou d’un typhon, autant un incendie et un tremblement de terre ou de mer sont complètement imprévisibles.
L’Ioga souligne également qu’avec cette puissance, il n’y a aucun risque de tsunami. Tant mieux. Toujours est-il qu’il s’agit certainement d’un réveil des failles tombées en profond sommeil et que la puissance de cette secousse a plutôt de quoi inquiéter la population.
Certes, un tsunami nécessite des secousses super puissantes pour faire sortir la mer hors de ses frontières, mais en Thaïlande en 2005 et au Japon en 2011, il n’y avait aucun signe avant-coureur. Le tsunami est entré sans frapper, sans aucun signe avant-coureur, prenant de cours les promeneurs sur la plage et la population chez elle.
Mieux vaut donc s’y préparer au lieu de se dire que le pire est derrière nous. Même si, quoiqu’on fasse, on n’aura pas les moyens d’y faire face. Déjà, on a toutes les peines du monde pour venir en aide aux sinistrés des cyclones, comment on va procéder pour faire face aux dégâts humains et matériels d’un tsunami ? C’est une autre dimension dans le secours d’une population en proie à des cataclysmes naturels.
Désormais, il faut rajouter le tremblement de mer dans la liste des catastrophes qui nécessitent une préparation, des opérations de secours et des sites d’accueil des sinistrés.
Avec le délestage, la coupure d’eau, le kere, l’insécurité, la cherté de la vie, les viols sur mineurs, les kidnappings… la préoccupation de la population vient de s’étoffer d’un nouvel invité surprise. Il n’est pas le bienvenu.
Sylvain Ranjalahy