Le grand groupe islamisé des Talaotra du Sud-est

Les Antemoro sont surtout connus pour leur Sorabe,  des manuscrits jalousement gardés, et leur papier décoratif.

Antalaotra désignait le grand groupe dit ‘islamisés » du Sud-est, venu sur trois embarcations, dans lesquelles se trouvaient Andriantsimeto Ragnaha Ramakararobe et Ralivoaziry, d’après les Sorabe et non seulement un groupe à part selon Capredon en 2011» (Ramisandrazana Rakotoariseheno, membre titulaire de l’Académie malgache, « De la thalassocratie Waq-Waq à la thalassocratie Antalaotra dans le Canal de Mozambique», Communication au 75e  anniversaire du 29 Mars 1947, «Nation et Souveraineté », Colloque scientifique international, du 30 juin au 1er juillet 2022, publiée dans «Mémoires de l’Académie Malgache », Fascicule, LVIII, décembre 2023, ISSN 1729-4169).

Ces seconds Antalaotra, sont, à leur tour, les « nouveaux » maîtres de la mer, et s’imposent dans l’Ouest de l’océan Indien (lire précédente Note). Ils utilisent par la même occasion le savoir séculaire des Malgaches Tompontany en matière de navigation, car autrement, « ils ne purent mobiliser autant de guerriers marins (de l’ordre de dix à quinze mille) à l’assaut des Comores et du Mozambique». D’après l’académicienne, il semble donc qu’il y a eu une volonté de fusion de deux sciences de navigations maritimes, mises à profit par l’ensemble des Malgaches dans leur expédition.  

Les Sorabe rappellent, indique l’auteure de l’étude, que les Antalaotra font des Zafirabay, des Makoa et des Jangoa, habitants Tompontany du Nord-est de la Grande ile, leur « Ziva » ou parents à plaisanterie afin de réorganiser le territoire et réaliser des expéditions maritimes. Gervais Jacques («Conversation et Échanges d’information sur les Antalaotra », 2020) fait savoir que, de nos jours encore, vers la fin de l’année, plus exactement en décembre, les Antalaotra font des campements en emmenant leur nourriture et se baignent rituellement dans la mer «mandroandriaka» en souvenir du périple de leurs ancêtres. 

En effet, fait remarquer l’auteure de la Communication, l’académicienne, contrairement à ce qu’avance Capredon  en 2011, les Antalaotra constituent le même groupe partout, où qu’ils soient à Madagascar. « Ils avaient essaimé dans toute l’île pour les raisons de stratégies politiques de réorganisation. » Cela explique l’apparente contradiction de Capredon disant que les Antalaotra sont peu différenciés des groupes des Hautes-Terres. Ce dernier note, dans sa Thèse de Doctorat à l’Université de La Réunion, sur l’« Histoire biologique d’une population du Sud-est malgache: les Antemoro», que « Kiloa fut dirigé par des princes Shirazi, puis par la dynastie des Mahdalï du Sud-ouest du Yémen laquelle était liée aux Seldjoukides du Golfe Persique et aux Indiens du delta de l’Indus et du Deccan et ce royaume connut des crises dynastiques et des guerres de succession vers la fin du XIIIe siècle ».

C’est dans cette probléma-tique de remplacement, que les Antalaotra ont donc le souci de la préservation des frontières naturelles qui les protègent des invasions. Ceci devant l’avancée des vrais musulmans, notam-ment ceux de Chiraz et d’Ormuz qui, à l’époque, ont de nombreux comptoirs dans cette zone et le monopole du commerce dans l’Ouest de l’océan Indien. 

C. Poirier publie en 1952, dans une étude intitulée « Terre d’Islam en Mer malgache », dans le numéro Spécial du Bulletin de l’Académie malgache à l’occasion du Cinquantenaire de l’Institution. Il souligne notamment :  « Les récits des géographes, historiens, et voyageurs nous instruisent des rapports maintenus pendant cinq cents ans, du Xe au XVe  siècles, par les colons arabes ou persans de la côte d’Azanie et des îles de la mer des Zendj avec l’Orient asiatique, les rivages du golfe d’Oman, du golfe Persique, du golfe de Cambay et des mers de Chine ». 

Selon l’académicienne, le commerce s’intensifie proba-blement au début du nouveau millénaire, entraînant de facto de nouvelles conflictualités. Si les écrits relatifs à ces expéditions font l’unanimité sur l’unique aspect de la piraterie, et bien qu’elle soit la plus ancienne forme de guerre sur mer, met-elle en évidence, la version des Sorabe enseigne sur «de véritables campagnes militaires de défense sans être pour autant des guerres de conquête ». La mer est un rempart naturel contre les invasions ; mais cela est conditionné par la distance et les rapports de forces du voisinage obligeant les anciens Malgaches à avoir une « politique maritime », relève-t-elle. 

Ils verrouillèrent alors tous les accès de Madagascar et particuli-èrement la côte Ouest (la zone la plus à craindre étant la plus vulnérable devant les différentes nations qui commerçaient dans les parages), en plaçant des « Fanohitafika » (ayant le sens de protection et/ou de fortifi-cation comme les raketa ou les hadivory, ou les grands ficus mais en ayant une autre dimension en intégrant les hommes). 

Pela Ravalitera

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne