Une vie après le bac

On vient de «bachelier» le dernier. À l’époque où je décrochai mon baccalauréat, avec la plus modeste des mentions, on avait deux options pour apprendre la bonne nouvelle. Soit, assiéger le tableau d’affichage au centre d’examen et scruter anxieusement son nom sur une liste tant que celle-ci n’a pas été déchirée par quelque candidat certainement dépité et jaloux du succès d’autrui. Ou bien attendre que paraisse l’édition spéciale «Spécial Bac» du journal Midi-Madagasikara. Ce supplément se différenciait du quotidien par la couleur de son papier : en 1987, elle était jaune. 

Je me souviens de l’émotion particulière de mon père. Qui vint me trouver pour me féliciter avec l’économie des mots qui a toujours été la nôtre dans une famille guère portée sur les effusions. J’appris de ma mère qu’il était cependant ému, lui qui n’avait pas fini ses études secondaires. Moi qui ai toujours cru qu’il avait son baccalauréat ès Jacques Prévert. Et, s’il n’a pas tout appris ni tout su, outre qu’il n’a jamais été naufragé sur l’île n’a-pas-vécu, ses  Konsalik, Slaughter et Guy des Cars (moins «des gares», il y avait aussi la grande fresque du baron Haussmann, préfet de Paris, par Jean des Cars) m’auront donné, à mon tour, le goût de la lecture.  

On vient de «bachelier» le dernier. De mon non-avouable «passable» à la double mention «Très Bien» de la fille et maintenant du fils, me voici en flagrant délit de vanité paternelle. Gloriole par procuration qui ne dispute cependant rien de la légitimité première de leur mère : «Au commencement était le Verbe», et ne dit-on pas «langue maternelle»...

Et c’est là que me revient ce dessin, dans un vieux numéro du magazine L’Étudiant, la bible-inventaire des différentes filières universitaires. En mode vieux sage, assise dans la position du lotus, une silhouette de déclamer solennellement : «on raconte qu’il y a même quelque chose après le Bac»...

Nasolo-Valiavo Andrihamihaja

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne