«Magnifique dans sa foi, sa force, son courage, son humilité» : ainsi parlait Jawaharlal Nehru (1889-1964) du Mahatma Gandhi, le père de la nation indienne moderne. Chez nous, ici à Madagascar, sans doute pourrions-nous parler ainsi du roi Andrianampoinimerina, surnommé «Ombalahibemaso», le taureau-aux-grands-yeux : «magnifique dans sa vision d’unité, admirable d’impartialité dans sa gouvernance, grand dans l’héritage politique». Oui, mais voilà, Andrianampoinimerina, c’était il y a 214 ans déjà ! Il faudrait qu’un dirigeant malgache contemporain trouve la sagesse de se hisser à la rencontre de valeurs qui nous transcenderaient tous.
Notre éducation citoyenne a sans doute failli à nous donner à apprendre les exemples de figures, hommes ou femmes, qui ont su accomplir pour leur pays ce que nous attendons que fassent nos politiques pour Madagascar. Le Japon et l’Inde, hier. La Chine, aujourd’hui. Le Rwanda et l’île Maurice, demain. Là-bas, dans chacun de ses pays, il y eut des hommes et des femmes suffisamment désintéressés pour s’honorer du bonheur de leurs concitoyens. Cela ne s’est pas fait en un jour. Cela ne s’est pas fait sans souffrances, douleurs et sacrifices. Cela, surtout, s’est fait par et avec des hommes et des femmes aimant leur pays et empathiques envers leurs compatriotes.
La vraie continuité de l’État est à trouver dans cette continuité vertueuse, par-delà les alternances au pouvoir. Une seule posture : servir. Une seule obsession : le pays. Et une devise : équité, mesure, intérêt général. Équité dans la considération des droits et des devoirs de chacun, mesure dans l’exercice du pouvoir et de ses privilèges, et l’intérêt général qui grandit son ministre-serviteur.
«Un dur travail nous attend. Aucun d’entre nous ne connaîtra de repos tant que nous n’aurons pas fait du peuple de l’Inde ce que le destin voulait qu’il soit». Ainsi parlait Jawaharlal Nehru. À propos de l’Inde. Il faudrait qu’un(e) Malgache parle ainsi de Madagascar, au-delà de sa petite personne.
Nasolo-Valiavo Andriamihaja