Le Sud de la Grande île est depuis longtemps en proie à une sécheresse pluriannuelle. |
Le Sud de la Grande île est en proie à une pauvreté extrême. Selon la Banque mondiale, celle-ci est due au manque d’investissements, mais aussi aux effets du changement climatique.
Pauvreté chronique. Il se trouve que les régions Anosy, Androy et Atsimo-Andrefana concentrent le plus grand taux de pauvreté. Près de 91% de la population du Grand Sud vit sous le seuil de pauvreté. Une situation qui désavantage ces localités, qui disposent pourtant de riches potentialités.
Dans un rapport sur la pauvreté en date du mois d’Avril, la Banque mondiale attribue cette situation à un «sous-investissement chronique» par les gouvernements successifs. Cette négligence a entraîné un retard considérable dans la région par rapport au reste du pays, selon l’institution financière. Cependant, d’autres facteurs ont également contribué à cette situation.
D’autres facteurs entravent le développement du Sud du pays. Il y a par exemple le manque de diversification des moyens de production. Pour simplifier, depuis des millénaires, l’agriculture et la pêche ont été les principaux moyens de subsistance de ces zones. Maintenant, ces deux modes de vie sont menacés, sinon en proie aux chocs annuels répétés.
La Banque mondiale désigne également la sécheresse pluriannuelle et la pandémie de Covid-19 comme l’une des raisons de cette pauvreté. «Avec une sécheresse pluriannuelle qui amplifie les impacts, la pandémie de Covid-19 a mis à rude épreuve les moyens de subsistance et le développement humain et a accru la dépendance à l’égard de l’aide humanitaire», fait savoir l’institution de Bretton Woods dans son cadre de partenariat pays pour la période 2023-2027.
Réforme audacieuse
Le Sud de l’île est depuis longtemps marginalisé. Depuis près de cinquante ans, les projets humanitaires s’y sont succédé, sans que l’on puisse rien y faire. Difficile de résumer en quelques lignes un problème qui remonte à des siècles, néanmoins, il semble que ce souci soit sempiternel. Il s’est accentué à la fin des années 50, lorsque l’administration coloniale a commencé à partir, laissant la place à la Ire République.
Vu comme une région de récalcitrants politiques, le Sud de la Grande île s’est retrouvé enclavé «géographiquement et politiquement», comme l’attestent les documents historiques. Une situation qui semble pourtant paradoxale, vu le nombre de grands projets qui y ont été lancés. D’importantes réserves minières et foncières sont également sous-exploitées. Il y a par exemple les projets d’exploitation d’ilménite à Tolagnaro, celui de graphite à Fotadrevo, le projet d’extraction de terres rares dans lequel s’est lancée Base Resources (maison mère de Base Toliara). Des projets qui ont créé de l’emploi, de la valeur ajoutée aux produits miniers dans le Sud. Pourtant, l’insécurité fait en sorte de ralentir le bon déroulement des exploitations minières.
Dans son ensemble, la lutte contre la pauvreté est aussi une affaire d’amélioration du climat des affaires. Pour attirer plus d’investisseurs à utiliser leur argent dans des projets qui ont du sens. Atou Seck, responsable des opérations de la Banque mondiale pour Madagascar, affirme que « la lutte contre la pauvreté à Madagascar nécessite une réforme audacieuse en faveur de la croissance qui améliorera le climat des affaires, encouragera la concurrence, renforcera le capital humain, investira dans la connectivité, l’accès à l’énergie et l’infrastructure numérique, et stimulera la productivité agricole ».
Avant d’ajouter qu’«en mettant en œuvre de telles mesures, Madagascar peut créer un environnement propice à la croissance du secteur privé, à la création d’emplois et à la réduction de la pauvreté, ce qui bénéficiera à l’ensemble de la population ».
Itamara Randriamamonjy