Des cadeaux de Farquhar pour Radama Ier

Radama Ier dans une des tenues d’apparat offertes par le gouverneur de Maurice, Robert Farquhar.

Avant qu'il ne quitte définitivement l’ile Maurice, Sir Robert Farquhar donne des Instructions à James Hastie, le 30 avril 1822, au moment où celui-ci part pour Madagascar. Ce sera sa deuxième mission auprès du roi Radama Ier . Il est accompagné du Rev. Jeffreys et de sa famille ainsi que de nombreux artisans (Bulletin de Madagascar. Septembre-octobre 1972).

Le voyage Toamasina-Antananarivo durera du 21 mai au 10 juin 1822. Voici ce qu'on lit dans le Journal de Hastie à partir de cette date.

Lundi 10 juin. Nous arrivons à 3 heures au pied de la montagne (Ambanidia) sur laquelle est située la capitale et nous sommes prévenus que Radama était au courant de notre arrivée. Le prince Rafaralahy (beau-frère de Radama Ier qui revient d'un voyage à Maurice) nous y attendait et nous fit part du désir du roi que nous montions la montagne à 5 heures. Nous avons alors été reçus avec tous les honneurs possibles. Après avoir pris un excellent repas au cours duquel Radama nous posa de multiples questions sur la santé de Son Excellence Robert T. Farquhar et sur celle de sa famille, le Rev. Jeffreys fut conduit à une case confortable qui avait été préparée pour sa famille, et les artisans ayant été préalablement logés, je gagnais ma résidence habituelle en compagnie de MM. Hilsenberg et Boyer, les naturalistes.

Mardi 11 juin. Ai compté au roi 1 200 piastres en or et une somme d'un montant égal en piastres d'Espagne qui constituent, selon le traité (anglo-merina du 23 octobre 1817) ce qui lui doit être versé annuellement en espèces et cela, au titre de l'Équivalent pour l'année qui doit se terminer le 10 octobre 1822. J'ai aussi remis à Radama les cadeaux que lui a envoyés Sir Robert T. Farquhar: de la vaisselle d'argent, cinq tambours, un service de verres et de faïence, deux ensembles de tenture de papier, deux selles et leurs harnais. Ces marques d'estime ont été acceptées par le roi avec beaucoup de plaisir comme des cadeaux provenant de son père et méritant son attention particulière et ses sincères remerciements.

Mercredi 12 juin. Ayant exposé au roi la partie de mes ordres concernant les missionnaires et les artisans, j'ai obtenu sa permission de lui parler des quatre jeunes gens de la dernière catégorie qui sont arrivés avec moi dans la capitale. J'ai expliqué à Radama le but qu'ils poursuivaient tant individuellement que collectivement. Il a mis à la disposition de M. Jeffreys et de sa famille une nouvelle maison agréable au milieu d'un vaste enclos, et lui a accordé deux serviteurs. Il a aussi octroyé aux artisans un terrain choisi dans une situation qui convient à leurs activités respectives, et il a donné un serviteur à chacun d'eux, en échange de quoi il devra instruire deux jeunes gens. Ces arrangements ont rencontré l'entière approbation du Rev. Jones et de ses compagnons et ils ont passé l'après-midi à partager le terrain accordé aux artisans.

Le roi a également placé dix travailleurs et deux serviteurs sous les ordres de Hilsenberg et Boyer et il leur a demandé de se charger, pendant leur séjour dans la capitale, du jardin qu'il avait déjà organisé et d'enclore un terrain qu'ils croiraient approprié pour lui montrer un aperçu du système qu'ils souhaitaient utiliser pour la culture des produits indigènes et des plantes et graines introduites dans le pays (ce jardin est créé dans la résidence royale de Mahazoarivo).

Jeudi 13 juin. J'ai, à plusieurs reprises, insisté auprès de Radama- tant pour sa propre prospérité qui est intimement liée à celle de ses sujets, que pour la satisfaction des besoins de ses nombreux sujets qui, jusqu'alors, tiraient profit du commerce des esclaves- qu'il lui incombait au plus haut point, maintenant que les vols et les pillages par les petits chefs étaient supprimés, d'entreprendre d'inciter son peuple à se livrer à toutes les activités légales susceptibles d'être créées et de faire naître un esprit d'émulation qui augmenterait son propre revenu et hisserait son pays au niveau qui devait être le sien parmi les autres nations du globe. 

J'osais ne pas approuver le but de l'expédition qui était sur le point de partir en campagne (destinée à envahir le Menabe), car je trouvais qu'elle n'était pas destinée à gagner un port de mer et je craignais qu'elle ne soit pas conforme aux ordres publics pour la suppression du pillage. A cette occasion, j'attirais l'attention du roi sur la nécessité d'installer des garnisons dans tous les ports de l'ile, ce qui lui assurerait efficacement la fidélité des habitants de l'intérieur, car il pourrait de cette façon les empêcher de se procurer des armes de guerre et il deviendrait en même temps capable de vendre avec profit les produits de son pays pour se procurer ce dont il aurait besoin à l'extérieur.

Pela Ravalitera

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