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| L’État affirme accorder la priorité au soutien à la petite pêche. |
Les efforts s’intensifient pour améliorer la gouvernance de la filière pêche et aquaculture et assurer une exploitation plus responsable des ressources halieutiques. Des initiatives commencent à produire des résultats tangibles selon les responsables.
Avec 5 603 km de côtes, 1 144 000 km² de Zone Économique Exclusive, 155 000 ha de lacs, quarante fleuves et rivières avec une longueur totale de plus de 9 000 km, Madagascar dispose d’importants potentiels en ressources halieutiques. Source de revenu pour plus de 1,5 million de Malgaches, le secteur de la pêche pèse à lui seul près de 7 % du PIB national et représente chaque année entre 6 et 7 % des exportations. Mais la filière des ressources halieutiques fait face à des menaces telles que la surpêche, la recrudescence de mauvaises pratiques de pêche ou encore la destruction généralisée de l’habitat marin.
Ces dernières années, les prises de poissons ont effectivement diminué dans les régions côtières de Madagascar, notamment en raison de la surpêche et de pratiques de pêche nocives pour l'environnement. On estime que la moitié de la production totale du secteur de la pêche provient de prises illégales. On note également que seule une pirogue sur cinq, soit 22 %, est immatriculée auprès des autorités. Les prises de poissons ne sont généralement pas déclarées, les évaluations des stocks de poissons sont rares et les données économiques limitées.
Pour Julien Million, spécialiste principal de la pêche et chef du deuxième projet sur la gouvernance des pêches et une croissance partagée dans le Sud-ouest de l’océan Indien, les stocks sont exploités au-delà des limites biologiques, sociales et économiques optimales et s’amenuisent à chaque saison de pêche. La Banque mondiale indique pour sa part que le rôle primordial que joue la filière des ressources halieutiques dans l’économie, avec une production annuelle de 750 millions de dollars, impose la mise en œuvre d’un programme ambitieux de protection des ressources mais aussi des communautés. D’autant plus qu’elle est tout aussi importante pour la santé nutritionnelle et la sécurité alimentaire des populations, contribuant à environ 20 % de la consommation de protéines animales.
Une question d’équilibre
« Bien que l’exploitation des ressources halieutiques soit indispensable pour l’économie malgache, ainsi que pour la subsistance de plusieurs milliers d’individus, ce secteur fait face à des défis aussi complexes que nombreux. L’équilibre fondamental entre la conservation et l’exploitation des ressources halieutiques en fait partie », fait remarquer la Banque mondiale. De son côté, le ministère de la Pêche et de l'Économie Bleue (MPEB) soutient que les autorités sont bien conscientes des enjeux liés au développement de la filière. Le titulaire de ce département, Paubert Mahatante explique que la feuille de route étatique dans ce domaine s’attache notamment à assurer le juste équilibre entre pêche économique et pêche responsable, de manière à intégrer adéquatement le rôle de l’humain dans son environnement. Et le membre du gouvernement invite le public à consulter le bilan 2021-2023 de son ministère pour apprécier les avancées enregistrées ces dernières années.
Force est de constater que les acteurs de la filière accueillent positivement les efforts consentis par les autorités et leurs partenaires pour rendre la filière des ressources halieutiques durable et plus responsable. Les organisations de la société civile sont aussi reconnaissantes et saluent en particulier la décision de Madagascar d’intégrer le FiTi (Fisheries Transparency Initiative) avec pour objectif d’assurer une meilleure transparence de la gestion du secteur de la pêche, d’améliorer l’exploitation durable des ressources halieutiques et de l’inclusion des acteurs comme des communautés de petits pêcheurs, dans la gouvernance du secteur.
Ces dernières soutiennent qu’une bonne gouvernance de la filière constitue la meilleure garantie pour produire les résultats escomptés. Pour la petite pêche, le pays dispose maintenant d’un plan d’action national, un document de référence pour l’administration, les différents partenaires techniques et financiers ainsi que tous les acteurs œuvrant dans ce domaine. La plateforme nationale de la petite pêche se chargera pour sa part de sa mise en œuvre dans le but de soutenir les petits pêcheurs tout en assurant la gestion durable des ressources halieutiques.
À noter que le pays compte aussi accroître significativement sa production halieutique à travers la promotion de l’aquaculture continentale avec une projection annuelle de 600 millions d’alevins et de 40 tonnes de poissons par hectare pour l’élevage en étang. Le défi est non seulement de contribuer à la création de la valeur ajoutée nationale mais aussi d’améliorer significativement la consommation nationale en produits halieutiques, passant de 4 kg par habitant et par an à 11 kg par habitant et par an. Par ailleurs, à travers la pêche, les responsables projettent d’améliorer les redevances issues de l’exploitation de manière transparente, de 6 % à 12 % des recettes non fiscales.
Sauver les concombres de mer
Il est également constaté qu’une filière des ressources halieutiques plus responsable impose aussi une meilleure protection des espèces marines qui font face à de graves menaces. Parmi celles-ci, les concombres de mer. D’où les mesures restrictives des permis de collecte, de commercialisation et d’exportation des trépangs (concombres de mer sauvage) pour la campagne de 2024. Ainsi, les permis de collecte et les autorisations d’exportation des trépangs déjà délivrés pour cette année sont invalides pour les régions Boeny, Sofia, Sava et Diana. Selon le ministère de tutelle, la décision a également été prise compte tenu du contexte de pêche illégale de concombres de mer dans les eaux territoriales des Seychelles. Le MPEB a également indiqué que la délivrance de nouvelles décisions d’autorisation de collecte, de permis et d’autorisation d’exportation des concombres de mer sauvages est suspendue jusqu’à nouvel ordre pour les mêmes régions.
Une conférence de presse a été organisée à cet effet. Une occasion aussi de rappeler que Madagascar abrite environ trente-huit espèces de concombres de mer selon les recherches menées. Sur les trente-huit, quatre font partie des cinq mille espèces animales et trente mille espèces végétales répertoriées dans les annexes de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Face à la raréfaction des individus, le pays s’est engagé dans la promotion de la culture des concombres de mer. Ainsi, l’Institut halieutique et des sciences marines de Madagascar de Toliara a mené des études pour restituer les stocks de ces espèces. Des essais de culture de concombre sauvage ont été initiés, ce qui a débouché sur l’octroi pour Madagascar d’un brevet.
Le choix de la Grande île de se lancer dans le développement de l’holothuriculture responsable s’est aussi traduit par la mise en place de plusieurs sites de culture dans diverses localités : Toliara, Antalaha.... Très recherchés sur le marché asiatique, les concombres de mer (environ 500 euros le kilo pour certaines variétés) sont de moins en moins nombreux dans les eaux malgaches. L’heure est donc aux prises de responsabilité.
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| Madagascar de plus en plus actif en matière de diplomatie bleue. |
Miser sur la diplomatie bleue
Les autorités estiment aussi que Madagascar doit être plus présente dans les échanges continentaux et mondiaux. Ce qui a motivé sa participation à la troisième réunion de travail des experts et des parties prenantes du secteur de la pêche et de l’économie bleue, dans le cadre du Mécanisme Africain de Réforme de la Pêche (AFRM), du 16 au 18 avril à Naivasha, Kenya. Madagascar a pris part à cet événement avec une délégation du ministère de la Pêche et de l’Économie bleue qui représentait aussi les Petits États insulaires en développement (PIED), membres de l’Aquaculture network for Africa (ANAF).
Selon le rapport de la délégation, l’AFRM joue un rôle de premier plan pour l’avenir de l’économie bleue en Afrique. Dans ce cadre, la révision de la Stratégie nationale pour le développement de l’aquaculture à Madagascar (SNDAM 2024) est significative, avec une focalisation accrue sur l’amélioration de la production de l’aquaculture en eaux douces. Les recommandations spécifiques issues de cette rencontre ont ainsi permis de renforcer ce secteur.
À noter que se sont tenues au cours de la même semaine les assises internationales de la pêche et de l’économie bleue à Athènes (Grèce). Elles ont vu la participation du ministre de la Pêche et de l’Économie bleue représentant la Grande île en tant que membre de la SADC. Occasion pour le membre du gouvernement de dévoiler les efforts du pays dans la lutte contre la pêche non déclarée et non réglementée, ainsi que la promotion de la transparence dans ce secteur.
Il a ainsi soutenu que Madagascar a significativement renforcé ses capacités de surveillance, passant de deux à vingt-trois bateaux déployés à cet effet. De plus, une collaboration étroite avec la Fishery Transparency Initiative est en cours pour garantir une gestion transparente des ressources marines. Le ministre Paubert Mahatante a également appelé les investisseurs à miser sur l’important potentiel de l’économie bleue malgache. Et pour le MPEB, Madagascar compte intensifier davantage ses actions de plaidoyer dans le domaine de l’économie bleue. « La participation active de Madagascar à ces manifestations internationales met en lumière l’engagement du pays envers une gestion durable des ressources marines et le développement de son économie bleue, dans un contexte africain et mondial », a-t-il indiqué dans un communiqué.
Groupement professionnel
Le GAPCM célèbre ses 30 ans
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| Les ressources halieutiques représentent 7% du PIB national. |
Dans le domaine de l’exploitation des ressources halieutiques, le Groupement des aquaculteurs et pêcheurs de crevettes de Madagascar (GAPCM) est certainement le plus connu. Cette organisation est née en 1994.
Le Groupement des Aquaculteurs et Pêcheurs de Crevettes de Madagascar a ainsi vu le jour il y a 30 ans. C’est une organisation professionnelle régie par l’ordonnance du 17 mai 1975 relative au Code du Travail. Son siège est à Antananarivo. Le groupement est devenu pleinement opérationnel au mois de septembre 1996 avec la mise en place de tout son environnement (convention d’assistance bilatérale, locaux, investissements, …).
À partir de 2001, les aquaculteurs de crevettes se sont joints au groupement qui a gardé son sigle mais pour devenir Groupement des Aquaculteurs et Pêcheurs de Crevettes de Madagascar. La politique d’action du Groupement est de se positionner comme un organisme de « gestion sérieuse et durable » de la ressource crevettière et de son environnement et un partenaire des autorités.
Comme le précise l’article 5 de son statut, le Groupement a pour objet de favoriser le dialogue et la concertation entre ses membres afin d’élaborer des propositions concernant la mise en œuvre d’une politique raisonnée de gestion de l’activité crevettière sous tous ses aspects et notamment le suivi de la ressource, l’effort de pêche, la réglementation, la qualité, le contrôle et la surveillance. Le GAPCM se positionne aussi en tant qu’interlocuteur représentatif de la profession auprès de l’administration dans le cadre de la nouvelle politique de gestion du secteur crevettier.
« En utilisant les travaux réalisés par les différents organismes sur des thèmes concernant le secteur… Le GAPCM a été créé à l’initiative de ses membres pour assurer une gestion responsable et pérenne du secteur crevettier malgache. Il existe avec la philosophie générale, certes de représenter la profession, mais aussi de contribuer à un devenir durable d’une ressource de la nation malgache », précise le Groupement.
À diverses reprises, Madagascar a été citée en modèle en matière de pêche et d’aquaculture durables. Et les membres du GAPCM soutiennent qu’ils ont « largement contribué à cette réputation et poursuivent une politique de gestion responsable et durable avec le souci permanent de garantir la meilleure qualité pour la crevette malgache ».
VERBATIM
LES RESSOURCES HALIEUTIQUES EN CHIFFRES
