Les Mikea sont aussi considérés comme des descendants directs des Vazimba Tompontany. |
Les Vazimba, affirme l’historienne Ramisandrazana Rakotoariseheno, membre titulaire de l’Académie malgache, n’aiment pas le bruit et ont le don de voyance. Ils sont encore nombreux, à l’heure actuelle, dans les régions d’Antsalova, Ankavandra, Morondava, Soalala…
Emmanuel Fauroux, de son côté, en 1994, les classifie. Ceux qui habitent dans les plaines sont les Vazimba an-tety. Ceux qui se réfugient dans les grottes sont les Vazimba an-tsingy, les Bôsy qui ont investi la forêt de l’Antsingy, de part et d’autre, du fleuve Manambolo. Et ceux qui habitent à proximité des lacs et rivières sont les Vazimba an-drano, installés actuellement aux abords des fleuves et des lacs de la Tsiribihina et du Manambolo, et se spécialisent dans la riziculture de décrue.
Ramisandrazana Rakotoariseheno et Socrate Ranaivoson dans leur étude sur l’« Atlas provisoire des Tompontany Malagasy avant le XVe siècle » (lire les précédentes Notes) indiquent que la grande majorité des lacs et rivières sont « fady » en étant le plus souvent des lieux de sépultures des anciens souverains, ou des lieux de résidence des esprits Vazimba. Presque tous les confluents sont des zones de sacrifices en l’honneur de ces esprits. Aujourd’hui, les Vazimba de l’Ouest sont encore les plus nombreux et ils sont fiers de l’être à l’intérieur des grands groupes sakalava et masikoro, précise Pierrette Mbola Morel, en 2019.
Ramisandrazana. Rakotoariseheno se penche aussi, dans ses travaux, sur le livre intitulé «Sorabe Marotalily» de Gervais Jacques (2021).
Le traditionniste antemoro confirme toutes les relations faites par les auteurs cités dans notre dernière Note. Les gens des Sorabe ne connaissent plus leur origine, d’après le traditionniste, signale l’historienne, « les Vazimba appartiennent à la nuit des temps». Il rappelle aussi que ces groupes Vazimba n’aiment pas se mélanger aux groupes nouveaux venus et tiennent scrupuleusement à préserver leur fomba. « Ils sont particulièrement sévères envers les personnes qui osent profaner ou piétiner leurs tombes.
Dans le Sud-Est, les groupes arabisés, les Antalaotra, menés par Andriantsimeto Ragna, Raminia, et autres, ont trouvé dans la région de Matitanana des groupes bien établis tels que les Zafisoro, les Antetsimatra, dont les histoires de leurs origines sont connues par les détenteurs de sorabe. Le second groupe des Antetsimatra, n’ayant pu observer les fady, doivent partir pour se retrouver dans la région d’Ambalangavo. Andriantsimeto Ragna a été le chef de tous les princes et de toute la lignée Zafitsimeto Antesavana. À la fois grand prince et « ombiasy », il rassemble les Antemoro, organise l’installation des différents groupes, écrit leur histoire, et organise le royaume et son expansion.
Il est également à l’origine de l’organisation de différents royaumes, selon Gervais Jacques. Son nom est aussi retenu comme étant le grand ombiasy d’Andriandahifotsy en pays sakalava, de Ravelonandro, grand ancêtre des souverains betsileo des quatre royaumes, et d’Andriamanely des Bara… L’un de ses descendants, Tsivalaka, est le grand «ombiasy» d’Andriamanalimbetany en pays betsileo.
Un troisième groupe du nom d’Anteherana a vécu sur une île dénommée Esibe. Quand arrivent les Antalaotra, ils partent plus à l’Ouest et s’enfoncent dans la forêt. Il s’agit probablement de Vazimba « very tantara », (leur histoire est inconnue) et ont peu de contact avec les autres. Leur territoire délaissé est devenu « kibory » ou cimetière d’Andriamboaziribe et de sa descendance. Dans la région de Lokomby, non loin d’Ankaramalaza, il y a un village portant le nom de Vazimba que les descendants de Sambo, l’un des douze ancêtres des Anteony et des Ampanabaka, ont investi. Ces derniers auraient vécu avec ces Vazimba. Les toponymes ayant le mot Vazimba se retrouvent dans d’autres régions comme à Andramasina dont l’ancien nom est Ankadimbazimba.
D’autres groupes plus anciens sont consignés dans les sorabe, tels que les « Onko » ou « Konka» ou « Koka » (de l’époque du faha-koka ?) et dont la signification est « taolan-doha» ou crâne. À l’arrivée des Antalaotra, ils n’acceptent comme intermédiaire qu’Andriantsimeto Ragna à qui ils demandent de prêter serment de ne jamais divulguer leurs secrets et de les accepter tels qu’ils sont. En échange, ils l’aident dans l’organisation du nouveau royaume, et lui édictent les « fady » à respecter ainsi que la vertu de leur pharmacopée. Cette relation se retrouve également dans l’installation des autres royaumes, comme ceux des groupes Antesaka, ou celui de Rangita en Imerina qui a reçu l’aide des ancêtres des grands Mainty du haut-bassin de la Sisaony.
Pela Ravalitera