Depuis 2004, Marie Michèle Razafintsalama s'est investie dans le domaine de l'édition jeunesse. |
Marie Michèle Razafintsalama, pionnière de l'édition pour la jeunesse à Madagascar, a commencé son parcours dans le monde du livre en 1995. En 2004, elle a créé la maison d'édition jeunesse "Éditions Jeunes Malgaches".
Pourquoi avez-vous créé la maison d'édition "Éditions Jeunes Malgaches" ?
La maison d'édition "Éditions Jeunes Malgaches" a été créée en 2004 dans le but de promouvoir la lecture chez les enfants. Mon intérêt pour la lecture a émergé tardivement, après avoir travaillé dans une librairie. Je crois fermement que la lecture est essentielle pour l'enrichissement linguistique et culturel des jeunes, d'où mon engagement à fournir des livres adaptés à leur âge et à leurs intérêts.
Pouvez-vous décrire les différentes responsabilités d'une maison d'édition ?
Le travail d'un éditeur est de donner vie à un texte écrit par un auteur. Les auteurs nous soumettent leurs textes puis nous les retravaillons en y ajoutant des illustrations, en modifiant le format et en adaptant éventuellement la langue, notamment en les traduisant en braille pour les lecteurs non-voyants. Pour ce faire, nous disposons d'une équipe composée d'un graphiste et de quatre dessinateurs chargés d'embellir le texte. L'auteur conserve les droits d'auteur sur chaque livre vendu, tandis que la maison d'édition prend en charge l'intégralité du processus, y compris le budget pour l'impression, la promotion du livre et la gestion des partenariats avec des organisations telles que les ONG, l'Unicef, les associations, les ministères, les bibliothèques et les librairies.
Quels obstacles les éditeurs doivent-ils surmonter à Madagascar ?
Au-delà de la hausse des coûts d'impression, principalement dus à l'importation des matériaux d'impression, nous avons constaté que la plupart des Malgaches ne manifestent pas un grand intérêt pour la lecture. Nous croyons fermement que sans lecteurs, il n'y a pas de livres vendus, et donc pas d'éditeurs.
Quelles stratégies trouvez-vous efficaces pour susciter la passion de la lecture chez les enfants ?
Nous encourageons les écoles, qu'elles soient publiques ou privées, à consacrer du temps à la lecture chaque jour, tout en favorisant l'accès à des bibliothèques bien fournies. L'amour de la lecture se cultive progressivement, et il est essentiel de créer un environnement propice à son développement. C'est pourquoi j'ai fondé l'Association pour la promotion du livre et de la lecture à Madagascar (APLEM), avec pour objectif d'encourager les enfants à aimer la lecture tout en éveillant leur curiosité sur l'histoire et la culture malgaches. Nous organisons des activités telles que des séances de lecture dans les rues avec les enfants et des visites dans les écoles.
Quels sont vos objectifs et projets pour célébrer le 20e anniversaire de votre maison d'édition ?
À l'occasion de notre 20e anniversaire, nous avons pour ambition de lancer une nouvelle collection mettant en lumière l'histoire de Madagascar, intitulée « Tsiahy ny tantara ». Cette série d'albums illustrés racontera les récits de personnes ayant vécu l’histoire durant la période royale, la colonisation ou autres. Parallèlement, nous prévoyons de créer une autre collection de livres documentaires intitulée « Ny Madagasikarako », visant à sensibiliser les enfants aux richesses naturelles de Madagascar, telles que le cobalt, le nickel, les plantes endémiques, ainsi que la richesse de la vie aquatique.
Nicole Rafalimananjara