Le 30 mars est la journée internationale du zéro déchet. C’est depuis 2022, et une décision de l’Assemblée générale de l’ONU en 2022, mais qui est au courant et qui s’en soucie ?
Si le plastique est aujourd’hui devenu le déchet caricatural, mon Larousse de 1935 ignorait encore les significations qu’on donnera ultérieurement à «plastique».
À cette époque, «plastique» était uniquement ce mot dérivé du grec (plastikos, de plastès, qui façonne) : «propre à être modèle», «qui concerne la reproduction des formes», «art de modeler des figures». Le Larousse de 1999 consacrait déjà tout un tableau aux matières plastiques : selon qu’elles soient acryliques, cellulosiques, polyamides, polyesters, polyoléfines, polyuréthanes, styréniques, vinylliques, aminoplastes, époxydes, phénoplastes, silicones. La définition même de la matière plastique (matière synthétique constituée essentiellement de macromolécules et susceptible d’être modelée ou moulée) explique son succès : aux côtés des modestes mélamines et PET (polytéréphtalate d’éthylène), trônaient des créations devenues iconiques, alliant couleurs flashy et matière plastique. Ce n’est qu’aujourd’hui, cinquante ans plus tard, qu’on dénonce «la pollution plastique».
Le côté pratique et bon marché du plastique continue d’en faire un compagnon du quotidien. Depuis les actions de sensibilisation, à l’adoption d’un texte «portant interdiction de la production, de l’importation et de la commercialisation, de la détention et de l’utilisation de sacs en plastique», en passant par le développement de solutions alternatives biodégradables, le chemin est encore long contre la pollution et surtout la pollution plastique.
À Madagascar, entre autres initiatives privées, je viens d’apprendre l’existence du concept «Kolo kitra» mené par Andriambolanoro Mireille Clémence. Il s’agit d’inciter les jeunes à fabriquer leur «écolo-balle» à partir du plastique à collecter chez soi-même. Bien sûr, le plastique le plus visiblement funeste est celui des milliers de bouteilles qui obstruent nos égouts à ciel ouvert. Et on sait que ce n’est pas avec ce plastique là qu’on fabrique nos ballons de cellophane (une matière inventée en 1908). Mais, la démarche éducative s’appuie sur le symbole.
Et on invente de belles histoires autour des symboles : la légende ne colporte-t-elle pas que le jeune Edson Arantes do Nascimento, futur Pelé, avait commencé le football en jouant pieds nus dans les rues de Bauru avec des chiffons enroulés autour d’une boîte de conserve en guise de ballon ?
Premier lauréat «Balon Educativo» de la fondation «Scholas Occurentes» (créée par le Pape François et regroupant 500.000 institutions éducatives dans 190 pays autour de l’éducation, des arts et du sport), Lionel Messi avait reçu une balle faite en chiffons par des enfants de Chicomo, dans le Sud-Est du Mozambique. C’était peu de temps avant la visite du Pape François au Mozambique, suivie de son séjour à Madagascar, en septembre 2019.
Le ballon scotch-taratasy, que mon fils a lui-même fabriqué, retrouvant naturellement un «geste ancestral», épouse la même philosophie, quoique, le scotch, cette matière synthétique... À notre époque, le Collège nous dotait de «vrais» ballons pour la récréation et les cours de gym. Hors du Collège, et sans misérabilisme, nous avions joué avec des «baolina vorodamba», ballon de chiffon : l’essentiel était d’inventer le jouet pour rassembler tout le monde et s’amuser ensemble. Dans l’absolu, un ballon Adidas procurerait sans doute de meilleures sensations footballistiques, mais pas nécessairement davantage d’intensité humaine. Sans parler de «bilan carbone».
Nasolo-Valiavo Andriamihaja