Dans une année, le journal L’Express de Madagascar aura 30 ans. Un âge qui n’a rien d’exceptionnel dans la vie d’un homme. C’est l’âge compris entre la maturité et la retraite. Autrement dit le bel âge.
C’est d’autant plus excitant que ces trente ans ont été intenses sur tous les plans. On aura tout vu du moins ceux qui étaient là depuis les premiers coups de pioche jusqu’à maintenant pourquoi pas jusqu’à l’éternité. Eh oui, L’Express a choisi de durer dans le temps, d’être différent, d’essayer d’être une référence aussi bien dans le contenu que dans le contenant. On a refusé le commerce facile, de faire du sang notre fonds de commerce, de faire du buzz. Une voie difficile est souvent mal comprise dans un pays où le niveau du lectorat en général ne dépasse pas le seuil du sensationnel. Mais on s’est accroché à notre credo en dépit du changement dans la direction du journal. Au contraire, on a fortifié les acquis du premier jour dès que l’entrepreneur Edgard Razafindravahy a pris le relais il y a vingt ans. L’Express est resté pionnier dans la qualité des informations et dans la qualité de l’impression grâce à une professionnalisation de tous les postes de travail.
On a atteint les sommets avec une édition à 72 pages en 2018-2019 avec bien évidemment la plus grosse part du marché publicitaire. Malheureusement, l’épidémie de Covid-19 est venue saper cette belle ascension. À l’image de toutes les entreprises en général et les entreprises de presse en particulier, L’Express en a pris un coup. Mais on en a vu d’autres. Même si la conjoncture n’est pas des plus enviables avec la hausse généralisée des intrants, on tient le coup. Dans le passé, on a vécu pire avec les crises de 2002 et de 2009 où la fabrication du journal était très compliquée. Les péripéties politiques ont également secoué le paysage médiatique jadis comme naguère sans pour autant emporter la presse dans la descente aux enfers. Ce n’est donc pas maintenant qu’on va abdiquer même si les réseaux sociaux demeurent une menace permanente pour l’avenir de la presse écrite. C’est le plus grand danger. Les réseaux sociaux réduisent considérablement la marge de manœuvre de la presse papier même si tout le pays n’est pas connecté et qu’il n’y a qu’une minorité de la population qui est concernée. Cela se traduit par une baisse effective des ventes et des annonces, manne nourricière d’un journal.
Mais comme on n’a pas choisi la facilité, on prend le pari d’y aller au moins jusqu’à l’âge de la retraite avec du sang neuf illustré par Allan Razafindravahy, notre jeune administrateur délégué. Juré.
Sylvain Ranjalahy
VINGT-NEUF ANS APRÈS - L’Express quitte le quai des habitudes
Des moments inoubliables pour ceux qui les ont vécus. En cette soirée du mardi 21 février 1995, une réception a été organisée dans l’enceinte de la société STEDIC à Ankorondrano pour un double événement : l’anniversaire de Herizo Razafimahaleo et le lancement sur les fonts baptismaux du quotidien L’Express de Madagascar, qu’il a fondé. Tout Antananarivo de la politique, de la diplomatie et des affaires était présent. Herizo Razafimahaleo, homme d’affaires influent et déjà un politicien d’une carrure impressionnante, a voulu mettre sur le marché un journal sérieux, mieux lu et de référence. Il a été très strict sur le contenu des textes au point de les corriger lui-même.
« Je voulais être un avocat ou un journaliste. Maintenant que j’ai l’occasion de publier un journal, pourquoi ne pas le faire ? », a-t-il confessé un jour. Si les premiers mètres de L’Express de Madagascar sur les rails ont été laborieux avec Jean Jacques Ramambazafy, rédacteur en chef, et Lala Razakaboana (feu) comme secrétaire de rédaction, l’équipe rédactionnelle a gagné en notoriété au fil des jours avec l’arrivée de Christian Chadefaux (feu), Sylvain Ranjalahy, Rolly Mercia, Alain Andriamiandravola, Randy Donny, Honoré Ranaivo Lala, Vanf, Andry Rabeherisoa (feu), Baovola Fidison, Steve Maniry, Patrick Andriantsileferintsoa (feu), le grand reporter Mamy Nohatrarivo qui ont renforcé celle déjà en place, composée par Miadana Andriamaro, Francis Rasoamaharo, Noro Razafimalala, Rolland Rakotomalala (feu), José Randriamanampisoa, Guy Rakotobe (feu), Roland Ramboatiana (feu), Voahangy Lalaoharisoa, le caricaturiste Elisé Ranarivelo et Eric Ranjalahy. Sous les yeux bienveillants de l’administrateur général Odile Raharijaona.
Trois photographes aux clichés incroyables ont été au service de cette dream team de l’époque : Arhys Rakotondrazaka (feu), Daddy Marotiana et Hery Rakotondrazaka. Christian Rija a toujours été le chef de la production, et Haingo Ramahatra s’occupait des considérations commerciales et publicitaires, jusqu’à aujourd’hui.
Plus tard, des jeunes ont rejoint les rescapés de « ces dinosaures » en voie de disparition. Beaucoup parmi eux, sortis de cette « école » si particulière, font aujourd’hui le bonheur des autres publications. Un vivier inépuisable de talents en matière de journalisme digne de ce nom, respectueux de l’éthique et de la déontologie en la matière.
Et en juillet 2002, un autre palier a été franchi. L’Express de Madagascar a changé de main. Edgard Razafindravahy est devenu son propriétaire avec d’autres ambitions. Il a initié une collaboration avec le groupe mauricien La Sentinelle, une entente qui a permis à L’Express de Madagascar d’acquérir des équipements plus que performants, comme une rotative d’une nouvelle génération, et bien d’autres. De nouveaux titres ont étoffé la gamme des produits : Ao Raha, quotidien en malgache, les magazines Essentielle, Business et l’Hebdo de Madagascar..
Témoin de l’histoire depuis sa création, L’Express de Madagascar a maintenant son musée, inaugurée en novembre 2022, dans lequel vous trouverez aussi le restaurant Le "Bistrot" une innovation apportée par Vola Rasoamanana, notre actuelle directrice générale. En ce jour d’anniversaire, un petit détour au "Le Bistrot" s’impose de lui-même, pour un regard sur l’épaule et un autre vers l’avenir. Fort de ses expériences passées, marquées par les convulsions des crises politiques, économiques et sanitaires, L’Express de Madagascar n’aura plus à craindre des vents contraires, ou d’éventuels déraillements.
Eric Ranjalahy
Sylvain Ranjalahy et Eric Ranjalahy