Droit de viol

Et ça continue. Autant on a matraqué le vote de la castration chimique pour les violeurs invétérés, autant l’ampleur des viols a atteint les sommets. Selon les statistiques, cent quarante-quatre viols ont été répertoriés depuis le début de l’année, soit en moins de deux mois, soit presque trois viols au quotidien, dont la plupart sur des enfants. C’est juste ahurissant. Il y a une urgence absolue pour anéantir ce crime. La loi a été votée par le Parlement mais la décision semble se perdre au niveau de la Haute Cour Constitutionnelle. 

L’objection formulée par Amnesty International, qualifiant la castration chimique de contraire à la déclaration universelle des droits de l’Homme dont Madagascar est signataire, est une position ambiguë et cynique dans la mesure où elle ne prend pas en compte le droit et la vie des enfants victimes de viol. Dans certains pays, la castration chimique constitue un soin pour réduire la production de testostérone et les pulsions sexuelles d’un individu. Le procédé est donc le même. Il ne s’agit pas de castration physique où l’on enlève les testicules. On ne comprend donc pas pourquoi on ne peut pas l’appliquer. Dans tous les cas, c’est un moindre mal comparé aux peines infligées aux États-Unis, en Iran, en Birmanie où la peine de mort reste en vigueur pour le meurtre, le viol, le trafic de drogue… Personne ne trouve à redire pour évoquer un quelconque piétinement des droits de l’Homme. Le choix de garder la peine de mort est un choix délibéré de chaque pays, même au pays de la liberté et des droits de l’Homme.

Certes, la castration chimique ne pourra pas anéantir les viols, mais au moins on a une arme dissuasive pour diminuer cette fréquence ahurissante. En tout cas, il fallait réagir, l’État ne pouvait pas rester les bras croisés face à ce crime abominable. Une peine encore plus sévère est même recommandée à titre d’exemple, au-delà des considérations morales et des pudibonderies immondes. Il faut se mettre à la place des victimes pour réaliser la situation dans laquelle elles sont contraintes de vivre pour le reste de leur existence, le traumatisme qui les poursuit partout où elles vont. Parler de droit dans ces conditions est quelque peu déplacé et injuste.

Sylvain Ranjalahy 

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