CONJONCTURE - Le Nonce Apostolique appelle à l’apaisement

Monseigneur Thomasz Grysa a présenté ses lettres de créance au président de la République, en janvier 2023.

Monseigneur Thomasz Grysa, Nonce Apostolique, a prononcé ses vœux pour la nouvelle année, dans une vidéo publiée hier. Il appelle de ses vœux la paix et la réconciliation à Madagascar.

La paix et la réconciliation. C’est à quoi Monseigneur Thomasz Grysa, Nonce Apostolique, appelle de ses vœux pour la population malgache, en cette nouvelle année. Des vœux qu’il a prononcés dans une vidéo diffusée sur la page Facebook de la radio Don Bosco, hier. 

“L’année dernière, nous avons eu un peu de tension à cause des événements politiques. Mais, cette année, il faut commencer sous le signe de la paix. C’est en fait le message central de Noël, la paix”, déclare le représentant diplomatique du Vatican, siège de l’Église catholique apostolique romaine (ECAR). Sur sa lancée, le prélat ajoute, “nous devons être capables de nous réconcilier, de vivre ensemble, de revenir au principe du Fihavanana”. 

Le concept du Fihavanana conjugue les valeurs que sont la réconciliation, le pardon, la quête de consensus pour l’intérêt commun et la paix. “Ce principe dont Madagascar peut être fier, mais qu’il faut quand même mettre en pratique”, souligne Monseigneur Thomasz Grysa. Effectivement, bien que claironné à souhait et vociféré à tout vent, le principe du Fihavanana est rarement appliqué dans les joutes politiques, notamment, pour résoudre et mettre fin aux querelles qui chamboulent la vie de la nation. 

Arrivé au tout début de l’année 2023, Monseigneur Thomasz Grysa, comme d’autres diplomates, a dû se mettre rapidement au fait de la situation nationale. L’atmosphère politique dans la Grande île a commencé à se réchauffer face à la perspective de l’élection présidentielle. À l’instar de ses pairs au sein du corps diplomatique, et la communauté internationale, le Nonce Apostolique a visiblement été tenu en haleine par le bras de fer politique et les manifestations populaires ayant agité la période pré-électorale. 

Tout comme ses pairs au sein du corps diplomatique et une partie de l’opinion nationale et internationale, le représentant du Pape a probablement poussé un ouf de soulagement sur l’issue apaisée de l’élection présidentielle. Une frange de la classe politique tambourinait, en effet, la prédiction selon laquelle le maintien du scrutin allait conduire la nation au chaos.

Collaboration

Toujours dans la droite de la position de la communauté internationale, le Nonce Apostolique appelle à préserver l’apaisement politique acquis durant et après l’élection présidentielle. D’autant plus que, par la voix de la Conférence des évêques de Madagascar (CEM), l’église catholique a plaidé pour la tenue de l’élection présidentielle. La Conférence épiscopale a avancé l’argument qu’il appartient au peuple d’élire ses dirigeants. 

Outre la dimension religieuse de ses mots, les vœux de réconciliation et de paix émis par Monseigneur Thomasz Grysa, pourraient avoir pour but d’éviter un relent des vives tensions politiques. Un objectif que partagent aussi les multiples appels à l’apaisement lancés par les partenaires internationaux au lendemain de l’élection présidentielle. “Il faut que cette année soit l’année de la paix, de la collaboration, et  de la confiance mutuelle, qu’il faut retrouver dans la nation”, ajoute ainsi l’ambassadeur du Saint-Siège. 

Une fois encore, les mots du Nonce Apostolique font écho aux déclarations des partenaires internationaux de la Grande île. Ces derniers demandent au président de la République d’initier des concertations avec ses opposants. Le but est d’éviter de nouvelles tensions politiques, accompagnées de velléité de sortir du cadre constitutionnel. Des concertations pour mettre à plat les motifs de contestation, comme le cadre juridique et les institutions électorales. 

Pour l’heure, cependant, les têtes sont ailleurs du côté des tenants du pouvoir. Ces derniers sont pris par la sélection des futurs membres du gouvernement. De son côté, l’opposition qui affirme toujours ne pas reconnaître le scrutin présidentiel et ses résultats essaie tant bien que mal de rester présent sur la scène politique. Cependant, le mouvement conduit par le collectif des candidats, qui a été le fer de lance des actions de contestation du pouvoir par l’opposition, s’étiole. 

Pour tenir leurs partisans en alerte, pourtant, la coalition des anciens prétendants à la magistrature suprême affirme systématiquement que “la lutte continue”. Au-delà des échanges d’amabilité par médias interposés et le militantisme numérique, l’atmosphère politique sur terrain est relativement paisible. Toutefois, l’atmosphère politique va de nouveau se réchauffer dans la perspective des élections communales et législatives à venir. L’objectif est d’avoir un jeu politique et des joutes électorales saines, sans intention de remettre les compteurs républicains et démocratiques à zéro. 

Garry Fabrice Ranaivoson

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