Une pitance

Le Conseil des ministres de relever l’indemnité de logement des enseignants de 90 ariary à 50.000 ariary. Soit 555 fois plus. Un effort colossal de l’État en faveur des enseignants. C’est la première fois depuis 63 ans que les enseignants bénéficient d’une telle largesse. Multiplié par le nombre d’enseignants, cela donne un sacré budget à supporter par l’État. Voilà sans doute pourquoi les pouvoirs successifs ont ignoré purement et simplement cette situation. Les années ont passé en même temps que le coût de la vie, mais l’indemnité est restée immuable, impassible à l’effritement du pouvoir d’achat et sans le moindre complexe face à la flambée des prix.

Mais il faut se rendre à l’évidence. La somme semble importante, mais il est loin de pouvoir combler des décennies d’écart entre le coût des loyers et le maigre salaire des enseignants, les plus mal lotis des fonctionnaires.

Pendant la première République, un instituteur catégorie A, premier échelon, touchait 30.000 ariary. Le prix d’une Peugeot 404, voiture des ministres à l’époque, sortie de l’usine Sicam à Analakely, était de 900.000 Fmg payable en douze mensualités, soit 75.000 Fmg par mois. Le fonctionnaire vénéré qu’était « l’instit » pouvait donc s’offrir ce petit joyau sans être obligé d’hypothéquer ses biens à travers un prêt 

bancaire et sans se soucier des fins de mois difficiles. La situation est complètement inversée aujourd’hui. Le salaire d’un instituteur de classe exceptionnelle ne lui permet plus d’acquérir une brouette en bois. La plupart des enseignants mangent leur blé en herbe aujourd’hui et risquent de voir leurs biens saisis par les institutions de microfinances à cause d’échéances non honorées. Chaque fin de mois est une véritable angoisse. L’indemnité de logement ne permet pas de déloger les problèmes ailleurs.  C’est juste une pitance.

Sylvain Ranjalahy

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