Mandat impératif

Une victoire au premier tour. C’est ainsi que l’ex-nouveau président Andry Rajoelina va entamer son second mandat à la tête de l’État. Si lors du premier mandat, son adversaire était celui qu’il a détrôné du pouvoir, cette fois c’est presque en cavalier seul qu’il s’est imposé après le « forfait » de onze candidats.

Au niveau du score, Rajoelina l’a emporté avec 58,95% des suffrages exprimés soit 2 858 947 des voix. Des résultats nettement meilleurs que son score en 2018. Une lecture primaire dégage un satisfecit des électeurs qui lui ont renouvelé leur confiance. Mais il faut considérer le faible taux de participation qui constitue une ombre au tableau. Plus de la moitié des électeurs ne se sont pas exprimés. C’est toujours gênant même s’il est un peu hâtif d’affirmer que les abstentionnistes sont tous des opposants en puissance. Si c’était le cas, il aurait suffi qu’ils votent en faveur  du candidat du collectif pour faire barrage à un second mandat de Rajoelina. Justement, il faut également tenir compte des manifestations de contestation pendant un mois dans la capitale. Qu’on le veuille ou non, il y a une partie de l’opinion qui réclame un changement dans la gouvernance, des priorités, plus de liberté d’expression et d’opinion. Le nouveau président y a déjà répondu en affirmant qu’il sera le président de tous les Malgaches et qu’il est prêt à collaborer avec tous qui sont déterminés à développer le pays, faisant allusion à un gouvernement d’ouverture. C’est un premier signe de l’apaisement réclamé par la communauté internationale après la tension pendant la campagne électorale.

Ce second mandat est impératif pour l’atteinte des objectifs de Rajoelina depuis le premier mandat ponctué par un bilan mi-figue mi-raisin. Si beaucoup a été fait au niveau infrastructures avec les écoles, les hôpitaux, les routes, les hôtels de finances, les stades, les bureaux administratifs, les maisons de la culture, les musées, les postes de gendarmerie…. les problèmes sociaux restent entiers. Pas plus tard qu’il y deux jours, le ministre de l’Énergie a annoncé une énième reprise du délestage. Le manque d’eau s’aggrave de même que l’insécurité et l’inflation. Il ne faut pas oublier le Kere récurrent dans le Sud. Avec la mise en place du pipeline, la famine chronique devrait se résoudre au cours de ce nouveau mandat.

Cette nouvelle magistrature ne doit pas être un quinquennat de galère pour la population. Partisans du pouvoir ou opposants invétérés, tout le monde est logé à la même enseigne. Le président a également annoncé à ce propos que l’État sera désormais plus près de la population. On espère une solution pérenne au lieu d’une charité éternelle. Amen.

Sylvain Ranjalahy

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