Télénoël

En attendant l’imminente atmosphère de Noël qui sera sûrement fidèle à son rendez-vous annuel, à moins qu’elle ne soit aussi affectée par les bouleversements subis par les saisons, le climat est déjà celui de ses précurseurs qui sont aussi réguliers : les téléfilms de Noël. Nous sommes de plain-pied dans le stade où la même histoire, recuisinée avec différentes sauces, fleurissent sur nos postes téléviseurs dont la germination des programmes est influencée par les chauds rayons du soleil de Noël.

Nous sommes, aujourd’hui, censés respirer un air propice à l’épanouissement de ces récits portés à l’écran qu’ils parfument à l’eau de rose, une approche privilégiée dans la transmission de la foi en la magie de Noël à défaut de pouvoir produire des chefs-d’œuvre comme La vie est belle 

(F. Capra, 1946), Home alone (C. Colombus, 1990), Un jour sans fin (H. Ramos, 1993) ou Love Actually (R. Curtis, 2003). Et c’est ainsi que nos heures passées devant la télévision sont envahies par ces histoires cousues de fil blanc qui peuvent adoucir, de par leur naïveté et leur ambiance féérique, une rude année égratignée par les différents soucis.

Difficile alors de s’échapper de cette prolifération de comédies romantiques qui usent du pouvoir, toujours aussi enchanteur, de Noël pour exercer leurs charmes sur les téléspectateurs, ce public qui a toujours été fasciné par les illustrations de l’amour triomphant, autre ingrédient principal de ces téléfilms. Le personnage principal, tel Ulysse dont le parcours se résume à un retour chez soi, se redécouvre et regagne son authenticité grâce à l’amour, la fleur la plus éblouissante du jardin merveilleux de Noël.

L’amour, celui qui répare les cœurs et non celui qui les brise, est l’outil privilégié quand opère cette magie de Noël. Il est la baguette d’où s’affirme ce pouvoir de Noël qui use de cet instrument imparable pour redonner l’épanouissement personnel à des protagonistes dont la vie est empoisonnée par une routine morose et qui revivent grâce aux rencontres inattendues. Se manifeste, pour les téléspectateurs, cette capacité de Cupidon à raviver la flamme de l’espoir insufflée par l’amour, le grand secret derrière la précieuse métamorphose.

Durant cette période relativement longue qui s’étale sur un mois et demi, le téléspectateur est gavé de ce même schéma narratif qui est, cependant, une grande leçon sur la nature humaine. Pour le philosophe Stanley Cavell, auteur de l’ouvrage À la recherche du bonheur - Hollywood et la comédie du remariage (1993), les histoires d’amour, qui composent la chair de ces comédies romantiques, ne peuvent bourgeonner qu’une fois que chacun des deux protagonistes est accepté tel qu’il est par l’autre, qui se laisse aussi transformer, transcendant ainsi leurs différences. Cette “reconnaissance” de la personne aimée, acquise après des heures de conversations et de disputes, est une ouverture à l’altérité, rappelant ainsi l’importance de la compréhension et de l’empathie dans nos relations.

Fenitra Ratefiarivony

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