ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE - Christine Razanamahasoa change de camp

Christine Razanamahasoa va à contre-sens de la ligne de conduite de sa famille politique.

Se présentant comme figure de proue d’une plateforme de médiation, Christine Razanamahasoa réclame “la suspension” du processus électoral. Elle demande aux tenants du pouvoir d’en donner force exécutoire.

“La suspension du processus électoral”. C’est la demande faite dans une déclaration lue par Christine Razanamahasoa, présidente de l’Assemblée nationale, hier, au siège de l’institution, à Tsimbazaza. Une demande “ferme”, adressée aux autorités selon la version française de la déclaration. 

La déclaration d’hier est faite au nom d’une entité se présentant comme une plateforme de médiation. Elle rassemble d’anciens chefs d’institution, des généraux retraités et des personnalités politiques ou religieuses. En tête de gondole, il y a donc la boss de la Chambre basse, avec le Conseil œcuménique des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM), en backup. C’est la dame au perchoir et le pasteur Ammi Irako Andriamahazosoa, président en exercice du FFKM, qui sont justement les signataires de la missive. 

Le constat “de l’existence d’un marasme préélectoral” et la mise en place d’un dialogue sont les motifs avancés dans la demande formulée dans la déclaration. L’usage du terme “suspension” intrigue toutefois. Surtout qu’au sein de la plateforme de médiation figure d’éminents juristes, y compris Christine Razanamahasoa qui est une magistrate chevronnée. Tous savent que le choix de chaque mot compte. La Constitution et les textes électoraux ne prévoient pas de suspension de processus électoral. 

Dans la Loi fondamentale, il est question de “report”, s’agissant de l’élection présidentielle. Il y a report “en cas de décès d’un candidat avant un tour de scrutin ou s’il survient un autre cas de force majeure dûment constaté par la Haute Cour Constitutionnelle” (HCC). La loi organique sur l’élection présidentielle ajoute, du reste, que “la date du report ne peut excéder trente jours après la date de la constatation du décès d’un candidat ou du cas de force majeur”, par la HCC. 

Le choix de demander “la suspension” du processus électoral n’est visiblement pas fortuit. Il tend, néanmoins, à mener la démarche hors du cadre constitutionnel et légal. De prime abord, le dialogue devrait accoucher d’un acte politique. Et afin d’y parvenir, les initiateurs de la déclaration veulent se détacher du délai de report imposé par la loi organique sur l’élection présidentielle.

Force exécutoire

Le texte lu à Tsimbazaza tend, par ailleurs, à faire écho à un rassemblement d’organisations de société civile, syndicales et estudiantines. Ces organisations réclament “l’annulation” du scrutin présidentiel. Ceci, bien qu’il ne s’est pas encore tenu. Elles exigent aussi un dialogue entre les acteurs électoraux. Et que ce dialogue ne prenne fin qu’une fois un consensus, répondant à l’intérêt de tous, trouvé. Qu’importe le temps qu’il faudra donc. 

Le spectre “d’une Transition préélectorale” se chuchote déjà en coulisse. Les initiateurs de la démarche insistent, cependant, sur l’objectif premier qui, selon eux, est “le dialogue”. Les organisations qui ont fait l’autre déclaration d’hier, du moins, les personnes ayant parlé en leur nom, sont, du reste, réputées proches du collectif des candidats. Ce doute sur son impartialité est aussi imputé à la plateforme de médiation conduite par Christine Razanamahasoa. 

Plus cash que la version malgache, les termes de la version française de la déclaration lue à Tsimbazaza indiquent une prise de position tranchée. Elle “condamne avec force toute attitude d’indifférence ou de soutien complice de cet État de non-droit”, est une des phrases inscrites dans la version française du texte et absentes dans sa version malgache et lue devant la presse. La plateforme de médiation devra pourtant faire preuve d’impartialité pour parvenir à briser les clivages politiques et à concilier les acteurs électoraux.

Outre les revendications au sujet des institutions électorales, l’exigence du collectif des candidats que Andry Rajoelina soit évincé de la course risque d’être un blocage au dialogue. De son côté, le candidat numéro 3 refuse tout accord politique tendant à un report du scrutin. Une ligne de conduite martelée par ses partisans, également. Hier, à Amparafaravola, il a fustigé “les intentions de mettre en place une Transition”, en ajoutant qu’il est déjà engagé dans la course et compte bien la gagner. 

Christine Razanamahasoa devra aussi faire face à la résistance de sa famille politique. Les termes “tentative de coup d’État institutionnel”, “trahison”, ou encore “transhumance politique”, bourdonnent au sein du camp Orange, pour contester l’initiative de Christine Razanamahasoa. Selon les informations, les parlementaires partisans du candidat numéro 3 engageront une contre-offensive, ce jour. 

Au regard des faits, en effet, la boss de la Chambre basse a viré de bord. À entendre la déclaration d’hier, elle compte sur une mobilisation “des forces vives de la nation”, afin de “contraindre” les tenants du pouvoir à adhérer au dialogue et à “donner force exécutoire”, à la demande de suspension du processus électoral. Jusqu’à l’heure, pourtant, le gouvernement qui a le pouvoir politique y afférent, refuse catégoriquement toute remise en question de l’élection présidentielle. 

Garry Fabrice Ranaivoson

1 Commentaires

  1. Cette dame a changé de camp parce qu'elle a senti le vent tourner avec son flair politique . Toutes les bien-pensantes et les bonnes consciences voient les convictions des réalités : RAINILAINGA NE DOIT PLUS REVENIR AU POUVOIR SINON CE SERA LA CATASTROPHE POUR CE PAYS !

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