Refondation sans plus d’à-peu-près

J’avais participé au Forum National de 1992. Ou des difficultés inhérentes à la «demokrasia mivantana», toujours oscillant entre fausse inclusion collaborative et vraie tribune de défoulement. Qui se souvient encore des «résolutions» de ce Forum et de celles des exercices similaires, d’avant et d’après ? Mais, il faut croire, entre spontanéité calculée à l’organiser et folles espérances à s’y faire entendre, que la démarche est psychologiquement culturelle à notre société du verbe et de la tradition de l’oralité.

Tant qu’à faire, une fois prise la précaution oratoire de tantôt, qui est au texte écrit ce que les «fialan-tsiny» sont aux kabary de joutes verbales, autant alimenter la «concertation» en idées s’il fallait lui espérer quelque réflexion. 

Comment, par exemple, en finir avec l’à-peu-près très approximatif. Qu’on l’appelle «kitoatoa», «zara aza» ou «sitrany ahay». 

Nous sommes en 2025, mais comment tolérer plus longtemps qu’un pays au tourisme pluriel, et qui ambitionne recevoir un million de visiteurs, ne sache mettre en place que des bacs archaïques entre la Grande Terre et Nosy-Be ; ou le fameux «Bac+10», devenu nom de baptême de la RN12a, entre Vangaindrano et Fort-Dauphin : voire, quand le sous-développement, entre résignation et sourde volonté de la conjurer, s’habille d’exotisme au parfum d’aventure ; ou encore plus récemment, avec ce Sprinter Mercedes-Benz qui bascule par-dessus bord et finit dans le fleuve Tsiribihina. 

Loin de ces destinations, qui sont de vacances aux citadins, le quotidien des villes n’est pas épargné par le grand n’importe quoi dont on s’accommode depuis des décennies au point de créer une mentalité primitive et de ressusciter des réflexes moyenâgeux. Le concept des taxibe, né sur des ruines, qu’on croyait encore seulement matérielles alors qu’elles relevaient déjà de la décadence morale, est incompatible avec la certaine idée de ces années 2000. On ne compte plus les victimes, handicapées à vie ou mortes sur le coup, d’un système qui se nourrit de sa propre survivance. 

La dernière victime en date est une fillette de 6 ans, morte écrasée parce qu’un chauffeur embarque (ou débarque) ses passagers sans être à l’arrêt complet. Absurdité seulement possible parce que propriétaires et coopératives ne prennent pas la peine d’une réelle conscientisation. Et que les autorités délivrent permis de conduire à des individus dont le bon sens ne dépasse pas le ballet embrayage-accélérateur, et le quotient intellectuel tout juste affleurant la pédale d’un hypothétique frein. Permis de conduire, sauf-conduit de tuer, et droit de vote. 

Nasolo-Valiavo Andriamihaja 

1 Commentaires

  1. ndramihaja je ne vous reconnais plus dans vos écrits .Retournez à l"international .

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