Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine atténue sa position vis-à-vis de Madagascar. Il demande l’élaboration d’une feuille de route avec, notamment, un calendrier précis sur le processus de Transition.
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| Photo de famille à l’issue de la rencontre des émissaires de l’UA avec le président de la Refondation de la République, le 8 novembre, à Iavoloha. |
Une urgence. C’est ainsi que le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) qualifie sa demande aux acteurs malgaches d’élaborer une feuille de route sur le processus de Transition. Une recommandation formulée dans un communiqué publié samedi par cet organe permanent de l’UA chargé de la prévention, de la gestion et du règlement des conflits.
Ce communiqué a été adopté lors de la 1315e réunion du CPS de l’UA, qui s’est tenue le 20 novembre. Dans cette missive, le Conseil « encourage» les autorités à prendre en compte les revendications « des jeunes », et aussi « à investir dans des mesures de rétablissement de la confiance afin de faciliter l’organisation d’un dialogue national constructif, transparent et inclusif dans un environnement favorable, en vue de la restauration de l’ordre constitutionnel et de la gouvernance démocratique».
Sur sa lancée, le Conseil de paix et de sécurité ajoute qu’il « engage vivement » les autorités « à élaborer d’urgence une feuille de route consensuelle, claire et véritablement inclusive, assortie d’objectifs de référence clairs et d’un calendrier précis, en vue de l’achèvement rapide du processus de Transition ». Du côté malgache, plusieurs s’interrogent sur ce que le CPS de l’UA entend par « véritablement inclusive ».
Pour certains acteurs politiques, le chronogramme de la Transition présenté par Herintsalama Rajaonarivelo, Premier ministre, lors de son discours programme devant le Parlement, devrait correspondre à cette feuille de route voulue par l’organe de l’UA. Le chef du gouvernement a présenté un calendrier pour une Transition de vingt-quatre mois avec cinq étapes majeures. Il comprend la concertation nationale, un référendum constitutionnel et l’élection présidentielle.
« Il est probable que l’Union africaine souhaite que cette feuille de route soit élaborée avec les acteurs politiques de tout bord, particulièrement ceux de l’ancien régime, la société civile et les jeunes, ou du moins qu’elle soit acceptée par ces derniers », opine un diplomate. Lui aussi s’interroge pourtant sur la raison pour laquelle le communiqué ne soit pas plus précis sur cette question de démarche inclusive.
Regrets
Dans son discours programme, le Premier ministre a indiqué que le dernier mot sur le déroulement et l’issue de la Transition dépendra de la concertation nationale. « L’objectif est atteint lorsque les idées convergent et que les citoyens se sentent pleinement impliqués, quand la stabilité et la paix sont durablement installées et lorsque chacun reconnaît que le travail accompli est juste, légitime et cohérent », a déclaré le chef du gouvernement.
La concertation nationale pourrait correspondre au critère « véritablement inclusif » voulu par le CPS de l’UA. Durant une conversation téléphonique, hier, le député Haja Resampa, président du groupe parlementaire «Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina» (Irmar), a glissé que son camp politique « compte prendre part à la concertation nationale ». Sauf changement, la société civile, les universités et la Gen Z devraient aussi être de la partie.
Le communiqué publié samedi découle du rapport présenté par la mission de l’UA déployée à Madagascar du 6 au 12 novembre. Comme le souligne le ministère des Affaires étrangères dans une publication sur sa page Facebook, en réaction à cette missive, il s’agit d’une évolution positive de la position du Conseil de paix et de sécurité vis-à-vis du changement de vent politique dans la Grande Île. Dans sa décision du 15 octobre, ce dernier avait suspendu le pays de toutes les instances de l’organisation continentale « avec effet immédiat », suite à la prise de pouvoir des militaires.
Dans un communiqué en date du 13 octobre, le Conseil affirmait qu’il « rejetait catégoriquement toute tentative de changement anticonstitutionnel du gouvernement dans le pays». Il rappelle ces deux actes dans le communiqué de samedi. Toutefois, comme il est noté dans une correspondance interne du ministère des Affaires étrangères, les termes « changement anticonstitutionnel de gouvernement » ne sont plus utilisés. Le CPS parle désormais « des autorités malgaches ».
Indiquant que le gouvernement « se félicite » de l’évolution de la position du Conseil de paix et de sécurité sur la situation malgache, le ministère des Affaires étrangères « exprime [néanmoins] ses regrets quant au maintien de la suspension de Madagascar [des instances de l’UA] ». Il est probable que l’organisation continentale attende l’issue de la concertation qui définira l’avenir de la Transition avant de se prononcer sur ce point.
Garry Fabrice Ranaivoson
