PAUVRETÉ - Le cardinal interpelle les chrétiens

Le cardinal Désiré Tsarahazana pointe du doigt la responsabilité des chrétiens dans la persistance de la pauvreté dans le pays et appelle à une foi vécue concrètement pour soutenir le développement.

Le Cardinal Désiré Tsarahazana a appelé les chrétiens à assumer leur responsabilité face à la pauvreté du pays.

Lors de son homélie du 30 novembre à Toamasina, il a désigné les chrétiens comme responsables, en partie, de la situation. Selon lui, cette responsabilité se manifeste tant dans la composition des institutions que dans la manière dont la foi est vécue au quotidien.

Le prélat a souligné que « les services au sein de l’administration sont composés à 95 % de personnes qui se présentent comme étant des chrétiens ». Ces individus, occupant des postes clés dans l’État, l’économie et le secteur social, portent donc une part de responsabilité dans les choix et décisions influençant le développement. Pourtant, relève le cardinal, la pratique religieuse reste souvent limitée à des rites et gestes extérieurs, sans impact réel sur le comportement et l’engagement des croyants. Pour le prince de l’Église, la foi chrétienne ne devient crédible que si elle se traduit par un changement concret dans la vie quotidienne : « Prier sans agir n’a aucun sens », insiste-t-il.

Une énième constatation

Ce constat n’est pas inédit. Depuis l’indépendance, Madagascar a été gouverné par des dirigeants chrétiens, certains membres d’instances religieuses. Pourtant, la pauvreté, la corruption et les inégalités n’ont cessé de s’aggraver, démontrant que la foi proclamée n’a pas suffi à transformer la société. Pour le cardinal, cette contradiction illustre le décalage entre l’affirmation religieuse et l’action concrète.

Dès 2018, il avait déjà critiqué les « prières sans changement de comportement », appelant les fidèles à agir face à l’injustice et à la misère. Entre 2022 et 2025, il a de nouveau alerté sur la responsabilité morale des chrétiens et des élites, soulignant le lien direct entre foi authentique et engagement social. Dans plusieurs messages et interviews, il a dénoncé la corruption, l’inaction face aux inégalités et le manque de solidarité, rappelant que les valeurs chrétiennes sont incompatibles avec l’indifférence.

Cette fois-ci, son message résonne particulièrement dans le contexte de la prochaine concertation nationale, où l’Église, par le biais du Conseil œcuménique des églises chrétiennes à Madagascar (FFKM), est appelée à jouer un rôle central dans la refondation du pays. Monseigneur Désiré Tsarahazana appelle les fidèles à repenser leur rapport à la religion, à adopter une démarche sincère et intérieure, capable d’avoir un impact concret sur la société et sur le développement. Il insiste sur l’action concrète et sur l’exemplarité, rappelant que la véritable foi se mesure dans la cohérence entre paroles et actes.

Tsilaviny Randriamanga

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