Dix-huit hommes et trois femmes ont été jugés pour le meurtre de l’agent de change « Ledada », tué à Analakely, ainsi que pour d’autres crimes.
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| L’opération policière en février à Andohatapenaka où trois des auteurs principaux du crime avaient été abattus. |
Un procès très attendu s’est ouvert hier devant la Cour criminelle ordinaire, dans la salle 5 du Palais de Justice d’Anosy. Il concerne le meurtre de l’agent de change Diamondra Herivelo Razanadraininarison, dit Ledada, 59 ans, père de deux enfants.
Vingt-et-une personnes étaient poursuivies. L’une était absente, les vingt autres, dont trois femmes, ont comparu. Cinq ont été reconnues coupables et ont écopé d’une peine de travaux forcés à perpétuité. L’absent a été jugé par contumace et condamné à vingt ans de travaux forcés, avec mandat d’arrêt décerné à l’audience. Les autres ont été acquittés au bénéfice du doute. Dans le prétoire, leurs familles ont laissé éclater leur joie ; une femme s’est même évanouie en apprenant la fin du calvaire de son proche.
Le procès, ouvert à 10 h 30 et clos à 15 h 30, portait sur trois affaires imputées au même groupe : le meurtre de Diamondra Herivelo, le 31 janvier 2025, dans son pavillon à Analakely ; l’assassinat d’un opérateur de Cash Point suivi depuis Andohalo jusqu’à Ankadindratombo ; et un braquage visant le coursier d’une société à Ampasamadinika. Les chefs d’accusation retenus comprenaient l’association de malfaiteurs, le vol à main armée, le recel, le meurtre avec préméditation, l’usage de fausse carte d’identité nationale et la complicité. Toutes les personnes dans le box ont nié en bloc.
Arrestations
Seul l’avocat de la famille de Diamondra Herivelo était présent parmi les parties civiles. Les autres plaignants n’ont ni assisté ni mandaté de représentant. Le meurtre de l’agent de change a donc été au cœur des débats contradictoires.
Les accusés ne sont pas considérés comme les auteurs principaux, certains de ces derniers ayant été abattus lors d’opérations policières ou étant toujours en cavale. L’avocat de la partie civile a rappelé que sept malfaiteurs avaient attaqué son client, cinq l’ayant neutralisé et deux guettant à proximité. Aucun de ces individus ne se trouvait parmi les vingt personnes jugées.
Parmi ceux traduits devant la Cour se trouvaient trois conducteurs de taxi-moto, une infirmière, la compagne d’un certain Stéphano (chef de bande tué en février), deux collecteurs d’or dont un bijoutier, un acheteur de saphir de Toliara et des membres de familles originaires du Sud.
Les arrestations ont été menées grâce aux renseignements, aux images de vidéosurveillance et à des réquisitions téléphoniques. Le bijoutier, incriminé pour avoir acheté 15,8 grammes d’or supposés issus du butin, a produit des justificatifs prouvant un achat légal à Tsiroanomandidy. Sa défense a souligné qu’aucun or n’avait été volé, seulement de l’argent.
L’infirmière avait soigné chez elle, à Andohatapenaka, un bandit blessé lors du meurtre de l’agent de change, lequel a ensuite été abattu par la police.
Cinq accusés ont été arrêtés lors de la veillée mortuaire d’un bandit, dont l’un était le beau-frère du défunt. D’autres, originaires du Sud, ont été interpellés alors qu’ils se réunissaient à Ambohimanambola pour un deuil familial sans lien avec les crimes, attesté par certificat de décès. Leur avocate a insisté sur l’innocuité de cette rencontre.
La compagne du caïd, pour sa part, avait été arrêtée à son arrivée à la porte de la Brigade criminelle. Elle voulait rendre visite à un membre de sa supposée belle-famille déjà placé en garde à vue, mais s’est fait interpeller sur place.
La présidente de la Cour s’est longuement intéressée aux conducteurs de taxi-moto, surtout deux d’Ambohipo, qui avaient transporté les criminels d’Amoronakona à Analakely puis les avaient ramenés. L’un d’eux a expliqué avoir attendu son client près des toilettes publiques, avant que deux hommes ne reviennent, dont l’un en tenue des forces de l’ordre. Ils voulaient monter à trois sur sa moto. Il a accepté, ignorant ce que contenait le sachet qu’ils portaient. L’un saignait, mais lui a dit qu’il s’agissait d’un problème de travail.
Cette série de crimes, suivie d’opérations policières musclées, avait défrayé la chronique en janvier et février. Cinq des principaux malfaiteurs ont été abattus, deux à Ankazotoho et trois à Andohatapenaka. L’avocat de la famille de Diamondra Herivelo avait réclamé cent millions d’ariary de dommages et intérêts. La Cour a révisé la somme à quatre-vingt millions, à la charge des condamnés.
Gustave Mparany
