NATIVITÉ - ANTSIRANANA - Un Noël dans une ambiance mesurée

À l’approche de la fête de la Nativité, l’ambiance de Noël peine à s’imposer. Derrière quelques étals colorés et de rares signes festifs, la réalité économique et sociale pèse lourdement sur les préparatifs.

La ville d’Antsiranana connaît moins d’effervescence à l’approche des fêtes  de fin d’année.
TRADITIONNELLEMENT, le mois de décembre transforme la ville d’Antsiranana en un espace animé, rythmé par les décorations, la musique de Noël et l’effervescence commerciale. Cette année pourtant, la dynamique reste freinée et l’ambiance demeure timide. Les rues sont peu décorées, les illuminations rares et les marchés affichent une fréquentation modérée. Les signes festifs restent discrets, reflet d’un contexte économique contraignant qui freine l’élan habituel des fêtes de fin d’année.

Dans les marchés et les rues commerçantes, l’animation reste modérée. Beaucoup de commerçants reconnaissent une baisse du pouvoir d’achat des ménages, contraints de prioriser les dépenses essentielles. Les étals proposent bien des produits liés aux fêtes de fin d’année, mais la fréquentation demeure en deçà des attentes. Les achats liés aux fêtes, vêtements neufs, jouets, produits alimentaires festifs, se font au compte-gouttes ou sont souvent repoussés. Pour de nombreuses familles, la priorité reste la couverture des besoins quotidiens, reléguant les préparatifs de Noël au second plan.

« Pour nous, l’heure est à la prudence, car les clients regardent beaucoup, mais achètent peu », confie un commerçant de la rue Justin Bezara.

Les préparatifs de fêtes et les distributions de jouets dans les écoles accusent un retard notable. De nombreuses entreprises, associations et ONG n’ont pas pu honorer leurs engagements traditionnels envers leurs employés, rompant avec une pratique annuelle pourtant très attendue.

Situation préoccupante

La situation est particulièrement préoccupante du côté de la société Secren, où plus de quatre cents employés n’ont toujours pas perçu leur salaire et observent un mouvement de grève. À cela s’ajoutent les retards de paiement des salaires des agents de l’État, notamment au sein des collectivités territoriales, conséquence directe du contexte national actuel.

Les traditionnelles distributions de volailles, de produits alimentaires ou d’huile, habituellement organisées en fin d’année, ne sont pas au rendez-vous. Une décision du pouvoir central interdit en effet aux chefs de région par intérim toute sortie de fonds en dehors du strict paiement des salaires.

Ces éléments traduisent une ambiance de Noël refroidie, renforcée par la coupure de la route au niveau d’Ifasy, qui bloque l’acheminement des marchandises destinées à approvisionner le nord du pays. Cette situation entraîne une hausse des prix de certains produits de première nécessité, rendant les dépenses encore plus difficiles pour les ménages.

À cela s’ajoutent les coupures répétées et prolongées d’électricité, qui paralysent les activités génératrices de revenus. De nombreux habitants expriment leur inquiétude à l’idée de devoir célébrer les fêtes dans l’obscurité, dans un climat d’incertitude économique persistant.

De leur côté, les églises, très présentes dans la région Diana, occupent un rôle majeur durant cette période. En plus des préparatifs des célébrations religieuses, elles deviennent des espaces de soutien et de partage, multipliant les actions en faveur des plus démunis.

Toutefois, quelques signaux atténuent légèrement ce tableau morose. Les litchis inondent les marchés, proposés à des prix accessibles, entre 800 et 1 000 ariary le kilo, ainsi que les ananas en provenance de Sambava et d’Ankify. Le prix du riz, malgré la coupure de la route à Ifasy et les pluies répétées ayant affecté certaines zones de production d’Antsiranana II, n’a pas connu de hausse significative.

Dans ce contexte, ce Noël s’annonce moins spectaculaire, mais peut-être plus essentiel.

Raheriniaina

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