Ces douze derniers mois, j’ai dû faire la route d’Antsirabe, une bonne douzaine de fois. Et autant le dire, d’emblée : il aurait mieux valu la laisser dans son état de décembre 2024. Depuis, les prétendus «travaux» n’ont fait qu’empirer la situation.
Les usagers n’ont pas à savoir, ni composer, avec les coulisses des marchés publics. Pourquoi telle tranche semble avancer plus que telle autre : quelles qu’en soient les raisons, ce n’est pas l’affaire des automobilistes dont le seul désir est d’arriver à parcourir
170 km en deux heures trente ou trois heures, sans devoir casser les amortisseurs ni bousiller les silent-blocs. Et aucune explication ne saurait justifier que les usagers respirent de la poussière entre Ambatolampy et Antsirabe.
Des portions de cette Route nationale n’avaient aucunement besoin d’être touchées, et pourtant tout fut décapé sans aucune assurance de pouvoir tout rebitumer à temps. «Avant les grandes vacances scolaires», avait-on prétendu à une époque. Là, ce ne sera même pas avant les prochaines vacances de Pâques.
Devenus habituels sur toutes les routes nationales en piteux état, les piquets de «Stop & Go» n’en sont qu’encore plus irritants : pourquoi n’impose-t-on pas à ces entreprises de travailler de nuit, quand le trafic est mois dense ? On sait, pour en voir de nombreux exemples à l’étranger, qu’il est possible à une entreprise véritablement professionnelle d’effectuer de grosses interventions le temps de quelques heures. Tandis qu’à Madagascar, la moitié de ce type de travaux nécessite le double sinon le triple de durée, avec moult désagréments pour les voyageurs.
En août 2025, dans la Chronique «Scandale routier», je reprenais une précédente indignation d’août 2022 : «Ce n’est plus une route, mais un scandale. Bourbier, cratère, parcours amphibie : les innombrables photos publiées sur Facebook constituent des témoignages accablants de la ruine des routes malgaches. Ces derniers mois, j’ai pu faire Tana-Diégo (RN4 + RN6), Tana-Toamasina (RN2) et Tana-Tuléar (RN7) pour attester qu’Ambondromamy-Antsohihy, Brickaville-Toamasina ou Sakaraha-Tuléar sont un calvaire automobile. Est-ce qu’il s’agit encore de voyager quand on doit rouler sur les bas-côtés parce que la route n’en est simplement plus une. En certains endroits, les voitures disparaissent dans des ornières qui engloutissent la hauteur d’un taxi-brousse surchargé de plus des 80 centimètres réglementaires de bagages sur le toit. Partout, on avale une tonne de poussière avant de tomber sur un lambeau intact d’un bitume des années soixante. Le pays ambitionne recevoir un million de touristes : j’imagine chauffeurs et guides touristiques, honteux ou désabusés, expliquer laborieusement ce chaos».
Le 13 septembre 1897, le général Gallieni quittait Antananarivo en «filanjana» pour rejoindre Fianarantsoa, par un itinéraire aujourd’hui oublié : Tsiafahy, Behenjy, Ambatolampy, vallée de l’Onive, Antanifotsy, Ranomainty, Ambodifiakarana, Alarobia-Sandrandahy, Ambositra, Ivato, Fiadanana, Ambohimahasoa, Mandalahy, Ambohina, Alakamisy. Sur le chemin du retour, le Gouverneur Général décida de passer par Antsirabe, donnant également des instructions que, désormais, la route principale emprunte cet itinéraire.
Sa variante (Antsirabe, Betafo, Manerinerina, Tsarazafy, Faratsiho, Ramainandro, vallée de la Kitsamby, Soavinandriana, Itasy, Miarinarivo, Soamahamanina, Arivonimamo, et retour sur Antananarivo le 6 octobre) est à cette époque ce que la RN43 est aujourd’hui à de nombreux automobilistes : une échappatoire pour soulager la mécanique et épargner aux humains le supplice Sambaina-Ambatolampy.
Post-scriptum : en mai 2025, la portion en pavés entre les camps militaires de Fiadanana et de Soanierana était laborieusement en travaux ; les premières pluies de décembre accusent l’incompétence manifeste de l’entreprise à laquelle on a imprudemment confié lesdits travaux. Que sont ces prétendus «BTP» incapables de correctement aligner des pavés (Soanierana, Antaninandro, Soavinandriana, Laniera-Antsofinondry, etc.) que l’ancien génie civil avait réussi à faire tenir depuis la colonisation jusqu’au-delà du retour de l’indépendance ?
Nasolo-Valiavo Andriamihaja