Les petites et moyennes entreprises (PME) vivent dans l’incertitude face aux crises économiques et politiques récurrentes. Pour sécuriser leur activité et anticiper les risques, elles cherchent des solutions fiables.
La situation des entreprises malgaches reste incertaine. Chaque crise politique ou économique leur rappelle leur fragilité. La dernière, survenue en septembre 2025, a frappé durement : annulations massives de voyages, tourisme en berne, commerces paralysés et manifestations violentes.
Selon Prosperin Tsialonina, PDG du Groupe Kentia, lors de la présentation du groupe hier à Ampefiloha, « les entreprises doivent se préparer financièrement et anticiper des risques encore peu couverts à Madagascar, comme les catastrophes naturelles ou les crises politiques ».
La pandémie de Covid-19 en 2020 et la crise politique de 2009 avaient déjà laissé des traces profondes. Le PIB avait chuté de 4,2 % et la pauvreté avait augmenté. Cette fois, l’impact est immédiat. Le secteur du tourisme a perdu plus de 100 millions de dollars pour le seul dernier trimestre 2025. Les PME dépendantes des visiteurs étrangers ou des chaînes locales figurent parmi les plus touchées.
Pour maintenir leur viabilité, les PME doivent viser une croissance réaliste d’au moins 30 % par an. Concrètement, une entreprise générant 10 unités de chiffre d’affaires doit viser 13 unités l’année suivante. Pour le Groupe Kentia, parmi les 650 entreprises créées, 99 % sont encore actives et 70 % ont survécu plus de cinq ans. Même si le risque existe, il reste limité. Certaines entreprises ont été affectées par la crise de 2020, notamment celles dépendantes de clients étrangers, mais globalement, le taux de survie demeure élevé.
Accompagnement
Le Groupe Kentia accompagne des PME depuis 16 ans. Près de 5 000 entreprises ont bénéficié de ses services, avec un taux de survie de 70 % après cinq ans pour celles créées avec son appui. Formations, conseils financiers et marketing, accompagnement administratif et fiscal, recouvrement de créances : chaque service vise à sécuriser les entreprises et à stimuler leur croissance.
Dans un contexte de crise, la collaboration avec des groupements et le GEM joue un rôle rassurant pour les investisseurs. « Le développement de mécanismes d’assurance, l’instauration de fonds souverains partiellement alimentés par les impôts et la transparence financière sont autant de leviers pour sécuriser les entreprises », partage Prosperin Tsialonina. Il précise que le gouvernement propose parfois des remboursements, mais que l’évaluation des entreprises reste complexe et que les ressources sont limitées. Une solution pourrait consister à consacrer une partie des impôts à un fonds souverain.
Pour 2026, l’objectif est de faire de Kentia une plateforme structurante pour les entreprises, capable de créer des emplois qualifiés et de professionnaliser le marché malgache. Dans un pays où la crise peut surgir à tout moment, ces mesures peuvent faire la différence entre la survie et la disparition des entreprises.
Irina Tsimijaly