ÉTATS-UNIS - La prolongation de l’Agoa à l’étude

Les États-Unis envisagent de prolonger l’Agoa jusqu’en 2028, une perspective cruciale pour les pays africains, dont Madagascar, qui cherchent à préserver leurs avantages commerciaux.

Des ouvriers dans une entreprise franche de textile.

Les États-Unis prévoient en effet de prolonger de trois ans l’African Growth and Opportunity Act (Agoa), jusqu’au 31 décembre 2028. Selon Africa Intelligence, qui a pu consulter le projet de loi, la commission parlementaire américaine, présidée par le républicain Jason Smith, devait examiner le texte le 10 décembre.

Baptisé Agoa Extension Act, le projet vise à préserver les avantages commerciaux accordés aux pays africains et à éviter une interruption susceptible de pénaliser leurs exportations.

La proposition prévoit également une application rétroactive : les importations réalisées entre le 1er octobre 2025 et la promulgation de la loi seraient traitées 

« comme si l’Agoa était toujours en vigueur ». Les importateurs devront déposer une demande auprès de la US Customs and Border Protection (CBP) dans les 180 jours suivant l’adoption, et les remboursements seront effectués après liquidation des marchandises, « sans intérêts ».

Le texte inclut aussi la prolongation, jusqu’en 2031, de certains frais douaniers liés à d’autres programmes commerciaux, notamment le Korea–United States Free Trade Agreement (KORUS FTA), c’est-à-dire l’accord de libre-échange entre les États-Unis et la Corée du Sud. Objectif affiché : « garantir des recettes douanières stables » tout en soutenant les échanges internationaux.

Toutefois, rien n’est encore acquis : pour être soumis au vote, le projet doit être intégré à une proposition législative plus large, puis validé par le président Donald Trump, à l’origine de précédents non-renouvellements de dispositions de l’Agoa.

Pression concurrentielle

À Madagascar, cette perspective est suivie de très près. Le GEFP (Groupement des Entreprises Franches et Partenaires) alerte depuis plusieurs mois sur l’impact de la fin officielle de l’Agoa. Son président, Hery Lanto Rakotoarisoa, élu mardi, a rappelé que la recherche de nouveaux marchés devient prioritaire en raison des  « difficultés liées à l’Agoa ». Il souligne que « l’accès au marché américain reste incertain», tandis que les entreprises subissent déjà une concurrence accrue : « Le Bangladesh est aujourd’hui notre principal concurrent… L’Éthiopie est très présente sur le marché américain. »

La première vice-présidente du GEFP, Béatrice Chang Chin Yiu, insiste de son côté sur la nécessité d’un cadre réglementaire stable : « Si les règles changent trop souvent, les investisseurs ne viennent pas. »

Elle évoque une « incertitude légale » persistante depuis 2022, lorsque certaines dispositions sur les zones franches ont été intégrées à la loi de finances, fragilisant un environnement fiscal pourtant essentiel au secteur. Selon elle, « la loi originale doit être appliquée intégralement pour garantir sécurité et prévisibilité ».

Irina Tsimijaly

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