ÉCHANGE AVEC LE COLONEL RANDRIANIRINA - Macron conforte ses intentions vis-à-vis de la Transition

Le colonel Michaël Randrianirina, Chef de l’État, a eu un entretien téléphonique avec Emmanuel Macron, président français, samedi. Il s’agirait de leur première discussion directe depuis l’ascension au pouvoir de l’officier supérieur.


Le président Emmanuel Macron, lors de sa visite d’État à Madagascar en avril

De vive voix. Emmanuel Macron, président français, “confirme” l’intention de la France “d’accompagner” la Transition. Une confirmation dont il a fait part au colonel Michaël Randrianirina, Chef de l’État, durant une conversation téléphonique, samedi, selon l’Agence France-Presse (AFP).

“Emmanuel Macron a confirmé au dirigeant malgache que la France souhaitait accompagner et soutenir la transition en cours, conformément aux aspirations exprimées par le peuple malgache, en particulier la jeunesse, et lui a ‘annoncé’ le déploiement de nouveaux financements pour ‘lutter contre l’insécurité alimentaire dans le sud du pays, mettre à disposition des médecins à Tananarive et soutenir des projets d’aménagement urbain de la capitale’”, indique l’AFP, qui précise que l’information vient du palais de l’Élysée.

L’agence d’information ajoute que le président français “a également annoncé le versement d’une aide budgétaire affectée, notamment, à la sécurité alimentaire dans le pays”. Il s’agirait du premier échange direct entre le locataire d’Iavoloha et celui de l’Élysée. L’occasion donc pour Emmanuel Macron de réaffirmer les propos qu’il a tenus lors de sa visite officielle à Maurice, le 21 novembre. “La France accompagnera cette Transition avec une attitude d’ouverture, le soutien aux priorités malgaches (...)”, a-t-il alors déclaré.

Faisant part de la teneur de son entretien avec le Premier ministre mauricien, le président Macron a également soutenu : “Nous avons pris acte de la volonté des nouvelles autorités de répondre aux aspirations de la jeunesse qui s’est exprimée avec force et dignité et que nous devons accompagner, ainsi que de la volonté exprimée par les nouvelles autorités de fixer un horizon temporel limité à la Transition.” Il aurait de nouveau soulevé ce point, au téléphone, avec le colonel Randrianirina.

Selon l’AFP, Emmanuel Macron “s’est félicité de l’annonce d’un processus de concertation nationale, d’une série de réformes, en particulier pour lutter contre la corruption, et de l’organisation d’élections dans des délais raisonnables. Il a encouragé le président de la Refondation à associer des représentants de la jeunesse et de la société civile à ces différents processus et proposé l’appui de la France pour les soutenir, en lien avec ses partenaires internationaux”.

Relations bilatérales

Cette conversation téléphonique s’est tenue quelques jours après la publication de l’interview accordée par le locataire d’Iavoloha à la branche francophone de la chaîne d’information Russia Today (RT). Dans ses réponses, le colonel Randrianirina a fait part de sa politique diplomatique. Une diplomatie tous azimuts, avec comme seule condition “un partenariat gagnant-gagnant”. Les questions de RT ont également porté sur les relations du nouveau pouvoir vis-à-vis de la Russie et aussi vis-à-vis de la France.

“On peut travailler avec les Américains, les Français, les Russes, les Africains surtout, puisque moi, je suis Africain. (...) On n’est pas ici pour choisir de ne pas travailler avec un autre pays. Mais on est là pour s’ouvrir à tout le monde, puisque Madagascar ne peut pas s’en sortir sans la coopération internationale, sans les investisseurs étrangers”, sont, entre autres, les réponses du Chef de l’État.

L’officier supérieur a, de prime abord, voulu profiter de cette interview pour rassurer les partenaires internationaux de Madagascar quant aux orientations diplomatiques du nouveau pouvoir. Certains appréhendent, en effet, que le pouvoir se rapproche de la Russie et prenne ses distances avec l’Occident, notamment la France. Un choix que certains courants ayant soutenu le renversement de la précédente administration étatique souhaitent. Un virage que semble avoir pris Siteny Randrianasoloniaiko, président de l’Assemblée nationale, notamment.

Dès la prise de pouvoir des militaires, le 13 octobre, la Russie a engagé une offensive diplomatique. Une délégation de son ambassade a rencontré le Président et les hauts conseillers de la Refondation au camp du Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (Capsat). Ce coup d’accélérateur venant du côté russe aurait fait fléchir les Occidentaux sur la situation à Madagascar et lui a ainsi épargné une pluie de sanctions. Un retrait de ces derniers aurait pu décider les tenants du pouvoir à s’en remettre à la Russie pour éviter une asphyxie économique.

Comme le note une source diplomatique, “la neutralité de Madagascar n’a jamais été aussi pertinente et n’a jamais joué en sa faveur qu’actuellement”. Selon l’AFP, “les deux présidents ont rappelé l’importance de la relation bilatérale” entre les deux pays. Pour le président français, il pourrait s’agir de prendre les devants sur le plan diplomatique et de damer le pion à la Russie. Un pragmatisme diplomatique dont le but est d’éviter que le scénario qui se joue dans les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) ne se reproduise dans la Grande Île.

Garry Fabrice Ranaivoson


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