Devenir le prochain directeur régional de l’Éducation nationale est perçu comme un grand honneur par les postulants. Mais la signification même de l’éducation est quelque peu mise en jeu.
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| Le prochain directeur régional de l’Éducation nationale d’Atsimo Andrefana aura pour mission de renforcer le concept de l’éducation auprès des enseignants et de l’opinion publique. |
Pour Atsimo Andrefana, quarante postulants ont répondu à l’appel à manifestation d’intérêt lancé par le ministère de l’Éducation nationale pour le poste de directeur régional. Dès le 12 novembre, date de la publication de l’appel, les motivations étaient à leur comble chez les intéressés. Malgré les critères élevés requis pour le poste- notamment un diplôme professionnel en éducation (Capen ou Mapen) ou un diplôme équivalent au moins à un Bac+4, ainsi que dix années d’expérience professionnelle pédagogique et administrative- nombreux ont cependant tenté leur chance sans répondre à ces conditions.
« L’appel à manifestation d’intérêt a été une douche froide pour certains postulants qui espéraient une nomination politique à l’issue du mouvement du 25 septembre. Des enseignants et des personnes proches du domaine de l’éducation ont continué à manifester dans les rues de Toliara malgré la nomination d’un nouveau gouvernement. Ils ont fait pression sur la nouvelle ministre de l’Éducation nationale en insistant sur les points qui nuisent à leurs conditions professionnelles. Mais, acculés par l’appel à manifestation d’intérêt, les manifestants n’avaient plus d’autre choix que d’envoyer des dossiers personnels pour accéder au poste. La lutte devient individuelle et non plus syndicale», explique un enseignant de Toliara, se disant plutôt « rationnel et objectif ».
Non qualifiés
Selon toujours la même source, nombreux parmi les quarante postulants ne sont ni qualifiés, ni motivés pour le changement, ni pour « la vision d’une gouvernance publique portée sur la Refondation de la République de Madagascar». « C’est plutôt une course pour le titre et pour les avantages liés aux abus de fonction qu’un directeur régional peut exercer. Je ne citerai en exemple que les corruptions financières et sexuelles concernant les recrutements, le détournement des caisses-écoles ou autres financements, et les exactions à mener sur des enseignants et directeurs d’école », ajoute la source.
Parmi les candidats figurent d’anciens chefs de circonscription scolaire de la région Atsimo Andrefana, pourtant signalés comme incompétents ou corrompus. D’anciens proviseurs de lycée comptent continuer sur les traces de leurs pères ou de leurs proches, alors qu’ils sont présentés comme « malhonnêtes ». Un ancien directeur régional de l’Éducation nationale (Dren) d’une autre région, aujourd’hui sous sursis pour des affaires liées à la corruption, est également dans la course.
D’autres profils correspondent néanmoins à la fonction : des techniciens chevronnés de l’Éducation nationale, des enseignants très compétents, relationnels, sans antécédents à craindre, maîtrisant le français, l’anglais et l’administration en général. « Malheureusement, ils n’ont pas le piston politique pour être visibles et recommandés, car soit ils n’appartiennent pas à des partis politiques, soit ils n’ont pas les moyens financiers en cas de chantage », révèle la source. Des hommes politiques influents considèrent en effet cet appel à manifestation d’intérêt comme une simple formalité, facilement contournable.
MiotiSoa Mare
